Pour l'Amenokal de l'Ahaggar, Ahmed Edaber, la page du régime actuel sera bientôt tournée. C'est du moins ce qu'il a indiqué, jeudi, lors d'une rencontre avec les notables et les chefs de tribus du Hoggar qui s'est tenue dans un camping privé à In Zaouen, localité située à moins de 5 km de la ville de Tamanrasset. La réunion intervenant dans les circonstances politiques difficiles que traverse le pays, a permis ainsi à l'Amenokal d'adresser un message, on ne peut plus clair, aux tenants du pouvoir qui, désespérément, tentent de se refaire une virginité et de s'offrir une légitimité depuis le Sud et le Grand-Sud, longtemps marginalisés et rayés de la carte de développement. "Si nous sommes là aujourd'hui, c'est pour consolider nos rangs pour une issue de crise qui devrait être dictée exclusivement par la réalisation de la volonté du peuple. Nous tenons ainsi à lever toute ambiguïté sur notre position vis-à-vis de la révolte populaire et, du coup, confirmer notre adhésion inflexible à la lutte contre le despotisme, l'exclusion et la marginalisation dont nous sommes victimes depuis l'indépendance", a déclaré M. Edaber. Le chef spirituel des Touareg a invité les tribus targuies agissant sous son autorité, ainsi que toutes les composantes ethniques du Hoggar, dont les Chorfa, les Marabouts, les Hratine et les Arabes, à se solidariser pour pouvoir valider la carte de l'alternance démocratique et du changement auxquels aspire le peuple. "Le Hoggar est une partie indissociable de l'Algérie. Nous devons rester très vigilants pour déjouer les complots ourdis au nom des Touareg. Il faut que nous soyons unis pour faire face à d'éventuelles menaces que risque l'Algérie en cette période de transition", a-t-il averti avant d'ouvrir le débat et de céder la tribune aux chefs de tribus sous un tonnerre d'applaudissements. Le chef de la tribu d'Aït Lawane, Ighibba, a, d'emblée, saisi cette occasion pour exprimer sa colère contre les décisions iniques prises par les autorités qui incarnent le système abhorré. De son côté, Brahim Khidel Ag Safi a invité l'assistance à investir la capitale, Alger, pour presser le système résiduel de déguerpir. "Le pouvoir s'arrache, il ne se donne pas. Nous devons cesser de scander des slogans qui mènent nulle part, tels que ‘Djeïch Chaâb, khawa, khawa'. Personnellement, je ne peux être le frère de celui qui incarnait des rôles principaux dans la crise prévalant en Algérie. Gaïd Salah doit s'occuper de sécurité et non de politique", tonne M. Khidel. L'activiste Boutani, lui emboîtant le pas, revient sur le cadre légal de l'autorité traditionnelle qui devrait être constitutionnalisée et réhabilitée en guise de reconnaissance aux garants de la stabilité et de l'unité nationales dans ce vaste territoire désertique. Pour sa part, Bamhamed M'hamed, notable d'In M'guel, a, en affichant l'enthousiasme d'en finir définitivement avec la politique de l'assistanat et du tutorat imposée par les autorités sur le Sud, partagé sa vision des choses, afin d'aboutir à une Algérie nouvelle. Ce faisant, il faut d'abord mettre en place une stratégie permettant de bannir les pratiques malsaines, la répression et l'avanie exercées sur le Sud depuis 1962, fulmine Nadjem Bassoudi, qui a tenu à s'excuser auprès des notables non conviés à cette rencontre qui se propose comme une suite logique à la démonstration de force organisé par les Touareg de l'Ahaggar, le 17 mars 2018.