Jeudi, la Russie et les Etats-Unis se sont opposés à la demande britannique d'un cessez-le-feu en Libye et surtout de condamner les violences provoquées par Khalifa Haftar à Tripoli. Les bombardements aérien et à l'arme lourdes se sont poursuivis tout au long de la nuit de jeudi à vendredi, dans plusieurs quartiers du sud de la capitale libyenne, Tripoli, portant le nombre de morts à 213 personnes et à 1009 blessés, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Des combats ont aussi eu lieu durant la journée d'hier dans la région de Ghariane, à la périphérie de la capitale, selon la presse libyenne. Les combats ont opposé les forces du Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Serraj, reconnu par l'ONU, aux soldats de l'armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar, qui veut s'emparer du pouvoir en Libye en s'attaquant à Tripoli. Des missiles continuent d'être lancés de manière anarchiques sur les habitations, ont indiqué des témoins, touchant des civils qui paient le prix de cette lutte pour le pouvoir dans un pays ravagé par la guerre depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi fin 2011. Des ONG et plusieurs autres sources imputent la responsabilité de la mort des civils à l'ANL de Khalifa Haftar, objet d'une plainte du GNA au niveau de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, pour "crimes de guerre" et "crimes contre l'humanité". Mais le controversé maréchal bénéficie du soutien de trois poids lourds du Conseil de sécurité de l'ONU, en l'occurrence la Russie et la France, joints jeudi par les Etats-Unis, qui refusent de le condamner pour ce chaos qu'il a provoqué depuis maintenant deux semaines. Alors que Paris assume mal son soutien à Khalifa Haftar, Moscou et Washington se sont opposés ouvertement, jeudi soir, à un projet de résolution britannique exigeant un cessez-le-feu à Tripoli et demandant au Conseil de sécurité de l'ONU de condamner les agissements de M. Haftar. Les deux puissances se sont opposées à la publication d'une déclaration du Conseil, a indiqué une source diplomatique. Malgré un exposé sur la situation humanitaire dramatique de l'envoyé onusien en Libye, Ghassane Salamé, les grandes puissances continuent chacune d'alimenter le conflit armé, soit avec leur ingérence ou avec leur passivité face aux acteurs de la crise libyenne. "La situation humanitaire est de plus en plus difficile à la périphérie de Tripoli", avait pourtant insisté M. Salamé devant les 15 membres de ce Conseil qui s'est réuni à huis clos, a ajouté la même source. Hier, le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) a lancé un nouveau message d'alerte sur le sort de plus de 3 000 réfugiés et migrants, pris en étau par les combats à Tripoli. L'agence de l'ONU a annoncé avoir évacué 163 réfugiés victimes de l'escalade des combats en Libye vers le Niger voisin, soulignant que plus de 3 000 autres restaient pris au piège dans des centres de détention, ont ajouté des médias locaux. "Vu la situation en Libye, les évacuations humanitaires représentent une forme de secours vital pour les réfugiés détenus, dont les vies sont menacées", a déclaré le chef du Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), Filippo Grandi, dans un communiqué, sans préciser la nationalité de ces réfugiés. Lyès Menacer