Une solution plus au moins consensuelle et à même d'apaiser la colère de la rue n'a pas l'adhésion des tenants actuels du pouvoir. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Plutôt que d'écouter la voix de la raison et d'aller vers une transition consensuelle et non pilotée par les résidus du bouteflikisme, comme réclamée depuis plusieurs semaines par la majorité des Algériens, les tenants actuels de la décision politique rament à contrecourant de la volonté populaire pour imposer contre vents et marées leur feuille de route. Une solution dans le cadre de l'actuelle Constitution qu'on a violée allégrement et qui, aujourd'hui, est plus que jamais disqualifiée avec le raccourcissement du mandat de Bouteflika, mais surtout avec les millions d'Algériens qui marchent chaque vendredi, qui sera mise en application par deux figures illégitimes de l'ancien régime, le chef de l'Etat intérimaire, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, et qui débouchera, si le processus va à son terme, sur une élection présidentielle d'ores et déjà rejetée par nombre d'acteurs politiques de premier plan, encadrée par les mêmes instances (ministère de l'Intérieur et Hiise) et de textes de loi ayant permis toute une flopée de fraudes. Ainsi, pour assurer la survie d'un système qui a conduit le pays à l'impasse, les autorités actuelles multiplient petites ruses et manœuvres, en n'hésitant pas à sacrifier certains de leurs représentants (Bouteflika, Ouyahia, Ali Haddad, etc). C'est justement la mise à mort d'un tel système qui est réclamée à cor et à cri par la rue depuis le 22 février en exigeant le départ de toute la bande. Contrairement au scepticisme de certains, le "dégagisme" tranchant clamé par les foules n'est pas tout à fait dénué de sens. Il est même porteur d'un message : l'urgence d'une rupture avec les hommes et les pratiques du passé. Une aspiration profonde à un changement radical traduite politiquement par un projet politique globalement consensuel, c'est-à-dire qui recoupe toutes les propositions sérieuses mises sur la table par des partis politiques, des acteurs sociaux, mais aussi des personnalités.Une transition concertée et de rupture, comme a eu à la qualifier le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) Mohcine Belabbas, de 6 mois à une année, dont la gestion sera confiée à une personnalité ou une sorte de présidium qui sera composé de 3 à 5 acteurs crédibles, non impliqués dans la gestion passée et sans ambitions politiques.Cette entité qui incarnera l'Etat, mettra, à son tour, en place une instance législative qui fera office de Parlement qui aura pour tâche de débroussailler ce maquis qui, jusqu'ici, a fait office de fichier électoral, penser un nouvel arsenal juridique et installer une commission électorale réellement indépendante qui supplantera le ministère de l'Intérieur dans l'organisation des opérations électorales futures. Cette courte période de transition sera couronnée par une élection présidentielle ou des législatives. Sauf que cette solution, plus au moins consensuelle, et à même d'apaiser la colère de la rue, n'a pas l'adhésion des tenants actuels du pouvoir qui veulent, vaille que vaille, garder la haute main sur le système bouteflikien, en voulant le régenter à leur seule faveur, quitte à verser dans le déni de réalité. Sauf que ce nouvel acteur qui a surgi sur la scène politique algérienne depuis le 22 février, à savoir la rue, ne l'entend pas de cette oreille et semble décidé à aller jusqu'au bout de sa logique pour en finir définitivement avec le système.