Malgré une forte progression des autres secteurs favorisée par une expansion budgétaire substantielle due aux hausses du prix du pétrole, le ralentissement marqué de la production d'hydrocarbures a entravé la reprise de la croissance en 2018. Selon les données de l'ONS, reprises par l'APS, la croissance économique de l'Algérie a atteint 1,5% en 2018 en volume, contre 1,4% en 2017. Même si elle a gagné 0,1 point de pourcentage par rapport aux réalisations de l'année 2017, la croissance du produit intérieur brut (PIB) est loin des projections de la loi de finances 2018, qui tablaient sur un taux de 4%. Ce qui représente une progression anémique pour un pays à revenu intermédiaire comptant une très forte proportion de jeunes. Hors hydrocarbures, le PIB a progressé de 3,4% l'année dernière, contre 2,2% l'année d'avant. Ce taux de croissance a été essentiellement tiré par les secteurs d'activité de l'agriculture, du bâtiment, des travaux publics et de l'hydraulique (BTPH), y compris les services et travaux publics pétroliers (STPP), ainsi que par les services marchands et l'industrie. Ainsi, le secteur de l'agriculture, de la sylviculture et de la pêche a enregistré un taux de croissance annuel de +6% l'année dernière, contre 1% en 2017. Durant les quatre trimestres 2018, le secteur agricole a connu des taux de croissance soutenus, mais le plus important a été enregistré au 2e trimestre (+8,2%), détaille l'Office. Soutenue par les dépenses publiques, l'expansion de l'activité dans le secteur du BTPH s'est poursuivie à un rythme de +5,6% l'année écoulée, contre +4,6% l'année d'avant. Le taux de croissance des services marchands a été de +4,5% en 2018, contre +4,1% en 2017. L'année dernière, le secteur de l'industrie a connu un recul de la croissance de 0,8 point de pourcentage, affichant un taux de croissance de 3,7%, contre +4,5% en 2017. Après la forte expansion en volume enregistrée en 2016 (7,7 %), l'activité économique dans le secteur des hydrocarbures renoue avec les baisses de production enregistrées durant les années 2006 à 2014. L'année passée, le secteur a enregistré une croissance négative de la valeur ajoutée (-6,2 %) contre -2,4% en 2017. Dans son rapport de suivi de la situation économique de l'Algérie, publié au début du mois en cours, la Banque mondiale indique que le rééquilibrage budgétaire pourra reprendre au second semestre de 2019. Il devrait s'ensuivre un léger ralentissement des secteurs hors hydrocarbures sur l'année 2019, neutralisant une légère augmentation de la production d'hydrocarbures. Ce ralentissement va concerner en premier lieu le BTPH. Ce compromis entre maîtrise des dépenses et accroissement des recettes débouchera sur une croissance amorphe de 1,7% en 2020 et 1,4% en 2021. Le principal défi pour l'économie est de renforcer sa résilience à la volatilité des prix des hydrocarbures, à la fois en atténuant l'impact de cette volatilité sur le budget et en diversifiant les sources de croissance. Pour ce faire, il faudra engager d'ambitieuses réformes. La situation sera certainement plus difficile, d'autant que la transition politique limite l'action du gouvernement. Meziane Rabhi