Ryma procédait aux derniers essayages de ses toilettes dans l'atelier de sa mère. - Magnifique. Mes robes sont sublimes. Maman, tu as des doigts d'or. La jeune fille se jette dans les bras de sa mère et l'embrasse tendrement. Cette dernière lui caresse affectueusement les cheveux. - Tu seras magnifique le jour de ton mariage, ma fille. C'est pour que tu sois la plus belle que j'ai si bien travaillé. Ryma entrelace sa mère et lui chuchote à l'oreille. - Tu ne veux vraiment pas assister à mon mariage ? - Tu n'y penses pas, Ryma. Je ne le pourrai jamais. Elle se détourne pour que sa fille ne remarque pas les larmes qui perlaient dans ses yeux. - Maman ! Maman ! Pourquoi t'obstines-tu dans tes réticences ? Tu refuses donc d'assister au plus beau jour de ma vie ? Sa mère ébauche un sourire triste. - Je te souhaite tout le bonheur du monde, ma fille. Mais... - Mais quoi, maman ? Je ne serai jamais heureuse si tu t'entêtes à refuser d'assister à mon mariage. - Ryma, comprends-moi, je me sentirais comme une intruse. Il y aura sûrement beaucoup de monde. Ton père, sa femme, tes grands-parents paternels. - Mais papa insiste pour que tu sois présente. - C'est juste pour te faire plaisir, Ryma. Je suis certaine qu'il n'aimerait pas me compter parmi ses invités. - Tu te fais des idées, maman ! Pourquoi verrait-il ta présence d'un mauvais œil ? Après tout, c'est toi qui m'as élevée. - Mais lui c'est ton père, ma chère fille ! - Et toi tu es ma mère ! - Ce n'est pas pareil. Tu es la fille de ton père avant tout. Je veux dire que tu portes son nom. Et puis, c'est lui qui doit t'accompagner à la mairie pour l'établissement de ton acte de mariage. - Arrête, maman ! Cesse de fuir la réalité. Ces échappatoires ne riment absolument à rien. Papa n'a rien contre toi. Et moi je veux que tu assistes à mon mariage. Ne suis-je pas ta fille unique après tout ? - Et la prunelle de mes yeux. - Alors pourquoi refuser ? - S'il te plaît Ryma, cesse de me harceler. Il est inconcevable pour moi d'assister à la cérémonie de ton mariage. Elle soupire. - Revoir ton père après tant d'années. - Vingt ans, maman. En fait, tu ne l'as plus jamais revu depuis votre divorce. - Si, une fois. Lors de ta soutenance. - Tu parles, maman ! C'était une drôle de rencontre. Lui s'était tenu tout à fait au fond de la salle. Et toi tu t'es sauvée juste après mon exposé. D'ailleurs, il avait bien compris que c'était sa présence qui t'avait incommodée. Tu l'aimes encore, n'est-ce pas, maman ? (À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.