Sur un total de 280 000 enseignants du primaire et du moyen, 242 000 ne sont pas qualifiés ; c'est-à-dire 87%... Le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, est longuement revenu, hier, sur les échecs de l'Ecole algérienne et la valeur très discutable des diplômes obtenus par des élèves qui ne sont pas forcément les meilleurs. À la faveur de la tenue d'un regroupement des 48 directeurs de l'éducation, hier, à l'ex-ITE de Ben Aknoun, le ministre a dressé un sombre état des lieux d'un secteur qu'il dirige pourtant depuis près d'une décennie. Complaisance dans l'évaluation, médiocrité de l'encadrement et mauvaise gestion des directeurs des établissements sont autant de facteurs ayant abouti, d'après lui, aux résultats connus de tous. La solution ? Le ministre propose un plan… décennal qui s'inscrit dans le cadre de la réforme de l'éducation et qui prend pour point d'ancrage la formation des formateurs, c'est-à-dire les enseignants. Et pour cause, sur les 280 000 enseignants que comptent les cycles primaire et moyen, 242 000 ne sont pas titulaires de licence ou du baccalauréat. Autrement dit, 13% seulement de nos enseignants sont titulaires d'un diplôme justifiant leur fonction. Et la conclusion de l'Education nationale se passe de tout commentaire : “Ces enseignants ne répondent donc pas au profil fixé par la réforme !” Que va-t-on faire de ces contingents de maîtres et de professeurs sans diplôme ? Benbouzid leur propose un programme de formation étalé sur 15 ans, en vue de hisser leurs qualifications au niveau correspondant aux profils fixés par la réforme. Ainsi, quelque 214 000 enseignants dont 136 000 MEF (maître d'enseignement fondamental) et 78 000 PEF (professeur d'enseignement fondamental) devront revenir sur les bancs de l'école pour se recycler sous forme d'une formation en graduation. Cette opération commencerait, d'après le ministre, en septembre prochain au profit de 10 000 d'entre eux dont 6 000 MEF et 4 000 PEF. Ces derniers devraient à la fois assurer les cours dans leur établissement et suivre la formation en parallèle avec en point de mire l'obtention d'une espèce de certificat de mise à niveau, au bout de trois ans pour les MEF et quatre ans pour le PEF. “C'est extrêmement difficile, reconnaît le ministre, mais il faut essayer.” L'objectif étant, selon lui, d'arriver à l'horizon 2015 à un taux de 88% d'enseignants titulaires d'un diplôme de graduation. Si techniquement et matériellement le pari semble être une gageure pour des formateurs qui ont déjà bien du mal à terminer leurs programmes à temps, le ministre compte sur la mobilisation des instituts de formation, l'université du soir (UFC), l'enseignement à distance et même l'internet pour réussir son pari. Mieux, Benbouzid promet même une chaîne de télévision dédiée à la formation des enseignants… Le programme est ainsi réglé comme du papier à musique puisque pour les six promotions qui devront subir la formation, leurs effectifs, la date d'entrée et celle de sortie sont d'ores et déjà arrêtés. À titre d'exemple, celle de septembre prochain concernera 6 000 enseignants qui devront terminer leur formation normalement en 2008 ou au plus tard en 2010. 41 millions de manuels pour septembre Le ministre de l'éducation rassure les parents et les élèves qu'il n'y aura pas de pénurie de manuels scolaires à partir de la prochaine rentrée. Son département mettra à la disposition quelque 41 millions de livres, grâce à la collaboration des imprimeries de l'état. Ainsi, promet-il que chaque élève aura à sa disposition tous les manuels dont il a besoin pour suivre normalement ses cours. 6 000 nouveaux postes budgétaires Benbouzid a révélé, hier, que son secteur va encore recruter puisqu'il vient de bénéficier de 6 000 nouveaux postes budgétaires dont 4 000 ont d'ores et déjà reçu l'autorisation du ministère des finances. Ces postes devront combler le manque d'encadrement dans plusieurs wilayas, notamment pour certaines matières. Cependant, le ministre précise que la priorité de ces postes ira aux enseignants de tamazight puisque cette matière pourrait être, dès cette année, une épreuve optionnelle dans les différents examens. Le BEM, seul titre de passage au lycée Le brevet d'enseignement moyen (BEM) sera désormais le seul examen de passage au lycée, a indiqué, hier, le ministre. Cette “réforme” vise, selon lui, à éradiquer la pratique de l'évaluation complaisante qui gangrène nos collèges. Ainsi, quelle que soit la moyenne d'un élève, il n'ira pas au secondaire s'il échoue aux épreuves du BEM. Hassan MOALI