Le principal groupe de la contestation au Soudan a appelé mardi soir à une marche d'un million de manifestants d'ici deux jours, après l'annonce par les militaires au pouvoir que leur chef, Abdel Fattah al-Burhane, dirigerait le futur Conseil conjoint avec les civils. Objet de nombreux désaccords entre les contestataires et l'armée, ce Conseil conjoint est censé remplacer le Conseil militaire de transition qui a succédé au président Omar el-Béchir, destitué par l'armée le 11 avril. Signe des tensions grandissantes entre les deux camps, l'un des chefs de l'Association des professionnels soudanais (SPA), fer de lance de la contestation, a accusé les militaires de ne pas envisager sérieusement de céder le pouvoir au peuple. "Le Conseil militaire maintient que le Conseil (conjoint) souverain devrait être dirigé par les militaires avec une représentation civile", a critiqué Mohammed Naji al-Assam, dénonçant la tentative des militaires d'accroître leurs pouvoirs quotidiennement. Les relations se sont d'autant plus tendues mardi que les militaires ont annoncé la mort de 6 membres des forces de sécurité, tués dans des heurts avec les manifestants, selon le chef-adjoint du Conseil militaire, Mohamad Hamdan Daglo. La SPA a accusé les militaires d'avoir tenté de disperser le sit-in qui se tient depuis le 6 avril devant le QG de l'armée à Khartoum, ce qu'ils ont nié, réaffirmant qu' "ils n'utiliseront pas la violence contre les manifestants". En première ligne de la contestation, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC) a alors appelé à une marche d'un million de manifestants le 2 mai pour affirmer notre principale revendication, qui est celle d'un pouvoir civil, selon un communiqué. Les protestataires réclament désormais la dissolution du Conseil militaire de transition et le transfert du pouvoir à une administration civile.