Indépendamment des slogans scandés et des pancartes exhibées, le même message a été transmis à l'adresse de Gaïd Salah et de l'institution militaire. Les Béjaouis sont demeurés mobilisés, pour le 11e vendredi de la révolution en marche, au grand dam de ceux qui continuent à tabler sur l'essoufflement du mouvement. Ils étaient des centaines de milliers à battre, hier, le pavé dans les rues de Béjaïa. Les manifestants, indépendamment des slogans scandés ou des pancartes exhibées, ont transmis le même message à l'adresse du général de corps d'armée Gaïd Salah et de l'institution militaire. C'est précisément Gaïd Salah qui en a pris pour son grade. Et pour cause : il est considéré comme un élément de blocage, qui refuse la transition démocratique et l'avènement d'une nouvelle république démocratique. Aussi, les manifestants ont insisté sur "la primauté du politique sur le militaire". Un groupe de manifestants s'est même amusé à former une équipe nationale de la bande mafieuse avec comme entraîneur Gaïd Salah et Ould Abbes en gardien de but. La photo où il est écrit "moudareb farik el watani lil issaba" a suscité beaucoup de commentaires. Un autre a porté une pancarte sur laquelle on pouvait lire : "Gaïd Salah raâs min rou'ous el issaba" (Gaïd Salah, l'une des têtes de la bande mafieuse.) Forcément, les manifestants, qui insistent beaucoup sur le caractère pacifique de leur marche, ont scandé à tue-tête : "Bensalah, rayah, rayah, edi maak Gaïd Salah" (Bensalah, puisque tu es partant, n'oublie pas de prendre avec toi Gaïd Salah) ou encore "Ulac, ulac, ulac l'vot ulac" (Non, il n'y aura pas de vote) en guise de réponse au calendrier électoral auquel le chef d'état-major semble tenir absolument. Plus encore, les manifestants promettent de poursuivre la mobilisation jusqu'à l'aboutissement de leur combat pour un changement du système où les anciennes figures du bouteflikisme n'auront pas leur place. Ils ont aussi écrit : "Voter, c'est trahir. Gaïd Salah et Bensalah dégagez", "Notre union, c'est notre force". Beaucoup se sont demandé pourquoi on n'a toujours pas arrêté le frère et conseiller de l'ancien président : "L'arrestation de Saïd Bouteflika est un devoir national." Occasion pour eux de rappeler sur des pancartes, qui témoignent, si besoin est, le degré de conscience politique atteint par les manifestants : "On veut une justice dans un Etat de droit." Mais aussi : "Magistrats, faites votre devoir", bien que l'on ait insisté aussi un peu plus loin sur : "Vos règlements de comptes ne nous intéressent pas." À signaler que les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes du Printemps noir de 2001 en arrivant notamment au deuxième point de ralliement, la cité Nacéria, rebaptisée depuis le début du mouvement populaire rue Matoub-Lounès. Sur place, on a exhibé une banderole sur laquelle était écrit : "Notre révolution a commencé par des fleurs, elle va continuer avec de la détermination, et on finira par arracher notre liberté." Tout est dit dans ce programme, qui se projette sur le temps long d'autant qu'à côté des jeunes, majoritaires, il y a toujours beaucoup de femmes, de personnes d'âge mûr, entourés d'enfants et d'adolescents. M. OUYOUGOUTE