Les étudiants des universités de centre du pays ont massivement marché hier. À Tizi Ouzou, ils étaient des milliers d'étudiants et d'enseignants à avoir pris part hier à la rituelle marche du mardi pour protester et exiger le départ du système. La marche s'est ébranlée de l'entrée principale de l'université Mouloud-Mammeri et a emprunté la montée du stade du 1er-Novembre, la rue Ahmed-Lamali, le boulevard Abane-Ramdane pour rejoindre enfin le monument des Martyrs, située à la sortie-ouest de la ville. Durant tout leur parcours, les milliers de manifestants, qui déployaient d'immenses emblèmes nationaux, ont scandé des slogans hostiles au pouvoir, tout en demandant le départ de tout le système en place en exhibant de grands posters d'Abdelkader Bensalah barrés de la mention "Dégage !". Sur les nombreuses pancartes portées par les manifestants, on pouvait aussi lire "Allo système, aujourd'hui c'est la journée du savoir. C'est le moment de vous dire au revoir" ou encore "Le peuple veut un changement de pouvoir pas un changement dans le pouvoir", "Pour la dissolution des deux Chambres (APN et Sénat) et du Conseil constitutionnel" ou encore "Pour le départ des 4 B". Durant tout le trajet, les manifestants ont également scandé "Gaïd Salah dégage", "Bensalah bara", etc. La marche s'est déroulée dans le calme et dans une parfaite organisation. Par ailleurs, le Conseil local des enseignants du supérieur a rendu publique une déclaration par laquelle il a appelé au maintien de la mobilisation citoyenne et pacifique et à ne pas répondre aux provocations. À Béjaïa, ils étaient également des milliers d'étudiants et d'enseignants à battre le pavé. Ils ont été rejoints par les travailleurs du cadastre. Les slogans qui ont rythmé cette manifestation sont les mêmes, à savoir "Silmiya, silmiya", comme pour insister, toujours, sur le caractère pacifique des marches, "Système dégage", "Bensalah, Bedoui, Belaïz et Bouchareb, dégagez", "Ulac, ulac, ulac smah ulac" (pas de pardon), "Serrakine, Serrakine" (Voleurs, voleurs). Et "Système rayah rayah, eddi maâk Gaïd Salah" (les gens du système, puisque vous allez dégager, emmenez avec vous Gaïd Salah). Les jeunes et moins jeunes ont tenu à laisser libre cours à leur colère et en reprenant "Djazaïr hourra dimokratia" (Algérie, libre et démocratique), "Béjaïa-Alger : solidarité", comme pour faire écho aux slogans de leurs camarades à Alger dont quatre étudiantes avaient été humiliées dans le commissariat de Baraki. Mais aussi : "À bas la répression", "FLN barra" (FLN, dehors ou dégage) et "Gouvernement de bricolage". Sur les quelques pancartes exhibées hier, on pouvait lire : "Les quatre B, dégagez", allusion à Bensalah, le chef de l'Etat par intérim, Bedoui, le Premier ministre illégitime, Belaïz, le président du Conseil constitutionnel, qui avait juré fidélité au président sortant Abdelaziz Bouteflika. En enfin, Bouchareb, président de l'APN. À Bouira, comme à l'accoutumée, les étudiants étaient nombreux à marcher hier. La démission du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, a été a accueillie par des youyous. En effet, une explosion de joie a eu lieu dès l'officialisation de départ de Belaïz, l'un des "3 B" rejetés par le peuple. "C'est une seconde victoire pour notre mouvement après l'abdication de Bouteflika. On dit tous au suivant : yetnahaw gaâ", lancera, sur un ton euphorique, un étudiant drapé dans l'emblème national. La marche imposante organisée à l'appel du Collectif des étudiants de Bouira a drainé des centaines d'étudiants qui se sont massés devant le portail principal du pôle universitaire, d'où ils ont entamé leur procession. Banderoles et emblème national, ainsi que le drapeau amazigh ont été déployés côte à côte, signe que cette marche est celle de l'Algérie tout entière, une et indivisible. Sur certaines affiches, on pouvait lire entre autres : "Système dégage", "Quand l'université se révolte, il n'a aucune crainte à avoir pour le pays", ou bien "Rendez-nous notre Algérie". Devant le siège de la wilaya, une brève prise de parole a été improvisée pour réitérer les mêmes revendications, à savoir le départ du régime. Vers 12h30, tout ce beau monde a pris d'assaut l'esplanade de maison de la culture Ali-Zamoum pour scander des slogans anti-système. Enfin, Il y a lieu de souligner qu'aucun dépassement n'a été enregistré aussi bien de la part des étudiants que du côté des forces de l'ordre qui se sont contentées de baliser leur itinéraire. Dans l'après-midi, et lors d'une AG regroupant les étudiants, les enseignants et le personnel administratif de l'université Akli-Mohand-Oulhadj de Bouira, il a été décidé d'observer une grève illimitée à partir d'aujourd'hui. Les étudiants ont également marché à Boumerdès munis de pancartes et de banderoles sur lesquelles étaient inscrits des messages appelant au départ des figures de l'actuel régime et pour un changement pacifique. Lors de cette manifestation qualifiée par certains de "Marche de la liberté" plusieurs slogans ont été repris "Système dégage", "L'élite s'oppose au régime", "Klitou le bled ya sarrakine", "Université s'engage, système dégage". Un important dispositif policier a été déployé lors de cette marche. Il n'y a pas eu de répression. Correspondants