Née à Montmorency, en Ile-de-France, de parents originaires de Medjana (Bordj Bou-Arréridj), Dalila Ammari Chaieb, titulaire d'un Deug en droit, a travaillé durant 20 ans dans le secteur bancaire avant de s'intéresser aux arts et techniques du verre qui deviendront sa nouvelle passion. Liberté : De juriste à artiste, une vraie métamorphose ! Dalila Ammari Chaieb : J'ai toujours été attirée par l'art. À 20 ans, j'ai suivi des cours de dessin chez un peintre florentin, puis de peinture chez Françoise Charreau Bougy. En 2009, je m'oriente vers une carrière artistique où je trouve mon épanouissement. J'ai suivi une formation intensive d'une année auprès du maître verrier Marc Grossweiter à Paris et j'obtiens en 2010 le diplôme des arts et techniques du verre/option vitrailliste. Pourquoi le choix du verre ? En 2008, je me suis mise en quête d'une formation alliant artisanat d'art et création artistique. Lorsque j'ai découvert le vitrail, cela a été une évidence, et mon imaginaire m'a instinctivement portée vers les images de vitraux anciens de Syrie, du Yémen, d'Iran, de France et d'ailleurs, enfouies dans ma mémoire. Je trouve intéressant de mettre en parallèle l'art médiéval qu'est le vitrail, un savoir-faire ancestral, et l'art contemporain. Quelles sont les techniques que vous utilisez ? Sans aller dans les détails, l'art du vitrail utilise des matériaux et des techniques physiquement éprouvantes : c'est un art est très dur entre coupe du verre, sertissage de plomb, fusion de verres supperposés, sablage, masticage, soudure et gravure. Plomb, cuivre et étain…, portés à de hautes températures, sont utilisés. Le travail met la patience à rude épreuve. Un vitrail peut également être orné de peinture. Avec le recul, heureuse de votre réorientation professionnelle ? J'ai quitté le secteur bancaire pour la passion artistique. J'ai créé mon activité en 2010 en statut d'auto-entrepreneur sur le principe "il vaut mieux vivre ses rêves que rêver sa vie". Membre de la Maison des artistes à Paris, j'ai dû compléter mon activité artistique avec un "job alimentaire" car, pour le moment, je ne vis pas que de mon art, mais je garde fermement espoir. De 2013 à ce jour, j'ai participé à de nombreuses expositions à Paris et en province. La création exige du temps et de l'énergie. Mes principales distinctions sont le prix Couleurs d'art pour l'ensemble de mon œuvre reçu en 2012 et 2015 au Salon des peintres et sculpteurs de Groslay et le prix de la Technique au concours artistique de Montmorency en 2013. Votre art, universaliste, s'inspire de votre culture d'origine… Mes origines algériennes insufflent inévitablement leur empreinte à mes créations. Si ma patrie d'adoption est la France, ma patrie biologique est algérienne et mes créations reflètent souvent un accent orientaliste. Ma démarche artistique vise à bâtir une passerelle entre les différentes cultures. Mon art sert également la cause de l'émancipation des femmes partout dans le monde. Au travers de vitraux emprunts de motifs végétaux et géométriques, je fais référence à l'écologie et par extension à une vision spirituelle, une notion mystique d'un univers entièrement conçu et organisé par une intelligence céleste. Imprégné de lumière, le vitrail perd de sa matérialité pour se transformer en message suggestif ; aussi, j'oppose à la répression et la dépossession, la lumière et les couleurs. Les graphies de paix, "salam", et de liberté "el hurriya" symbolisent l'antidote au tragique et à la négation de la liberté. Le vitrail est encore dans l'inconscient collectif, à ce jour, associé au religieux, alors qu'il revêt également un aspect profane. Il s'invite de plus en plus dans les espaces civils dans un but décoratif.
