Un collectif d'artistes visuels algériens, de parcours divers, sous la bannière Fen'Art, une association fondée par 12 peintres d'origine algérienne, proposent au Centre culturel algérien des œuvres aussi diverses que riches. Les artistes, nés en Algérie ou en France, au-delà de leurs écoles de formation, de leurs moyens d'expressions, de leurs différents supports sur lesquels ils s'expriment, tentent de créer «une synergie entre leurs potentialités créatrices». Le collectif a présenté des œuvres de calligraphie, d'autres mi-figuratives, mi-abstraites et du graphisme. A travers ses œuvres, Cherif Ahmed-Chaouch, artiste laqueur et calligraphe, propose un mélange de cultures qui allie en quelque sorte technique ancestrale et modernité. Sa création est inspirée de ses origines paysannes tout en mêlant des sujets et des thèmes contemporains. L'artiste-peintre, avec «un mélange de pigments et de laque, la superposition de plusieurs couches poncées et séchées dans l'humidité et l'incrustation de matériaux naturels», obtient «des couleurs originales et une profondeur dans les tons et les nuances», a-t-il expliqué. Sur un autre plan, le plasticien Moho Sahraoui expose une technique de peinture très particulière, puisant ses ressources dans des pratiques ancestrales comme le scribe dans l'Egypte ancienne ou dans des procédés d'écritures millénaires. La vitrailliste Dalila Ammari Chaieb, née en France et diplômée des Arts et techniques du verre, propose, pour sa part, une démarche artistique, à travers l'artisanat du verre, qui vise à «coordonner les différentes cultures dans l'espoir de briser les stéréotypes pour un meilleur vivre ensemble». Dans ce qu'elle présente, le thème sur les représentations féminines est «volontairement» stylisé, dit-elle, afin que «toutes les femmes puissent se voir en reflet et se reconnaître dans ma quête sociale». Le vitrail de Dalila Ammari Chaieb, imprégné de lumière, perd de sa matérialité pour se transformer en message suggestif, en opposant «à la répression et la dépossession, la lumière et les couleurs». «Les graphies de paix (Salam) et de liberté (El hurriya) symbolisent l'antidote au tragique et à la négation de la liberté», a-t-elle expliqué. Abdelkrim Benbelkacem, calligraphe autodidacte natif de Souk Ahras possède une démarche artistique fruit d'une cinquantaine d'années d'apprentissage et de travail rigoureux. Cet ancien enseignant de la langue arabe, qui a appris au fil des années l'histoire de l'écriture, essaie à travers ses calligraphies de «participer à la construction d'un pont culturel entre l'Orient et l'Occident et de transmettre cet art ancestral entre les hommes d'hier et d'aujourd'hui». Son travail de calligraphie s'inspire d'Ali Ibn Muqla Shirazi, (886-940) un calligraphe islamique qui aurait inventé le script thuléen, le premier style cursif arabe, et Albert Henry Munsell, (1858-1918), un peintre et professeur d'art américain qui a inventé le système d'identification des couleurs qui classe les couleurs en fonction des teintes, valeurs (luminosité) et chroma (pureté). Pour cet artiste, qui précise que la calligraphie arabe est «une géométrie vivante», cet art millénaire est pour lui une «source de méditation et un lien universel entre les hommes». Dans le même registre, Smaïl Metmati, plasticien et calligraphe Tifinagh formé à l'Ecole des Beaux-Arts d'Alger, propose une calligraphie berbère en utilisant le caractère Tifinagh de manière, a-t-il dit, «à donner une dimension artistique à l'écriture de nos ancêtres». Pour ses calligraphies, il utilise de l'encre pour dessiner les lettres sur le papier, en opérant la répétition d'une série d'exercices graphiques. «C'est principalement l'absence de la calligraphie à cette écriture, le manque de spécialistes, qui a motivé mon orientation vers cette recherche», a expliqué cet artiste pour qui la calligraphie est «l'art de l'image de la parole». Inaugurée vendredi soir, l'exposition collective de l'association «Fen'Art» se poursuivra jusqu'au 1er octobre avec, en outre, des ateliers animés par les artistes. . C.