Le conseil scientifique de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a attribué “clandestinement” le doctorat honoris causa à Ahmed Ben Bella “pour services rendus à la nation”. Il a délégué l'Université d'Alger pour décerner le titre à l'ancien président de la République. Un fait que n'ont pas manqué de dénoncer le RCD et le MCB à travers des déclarations rendues publiques hier. Le bureau régional du parti de Saïd Sadi, tout en saluant les membres (une dizaine) du Conseil scientifique qui n'ont pas participé à la réunion d'attribution du diplôme, qualifie les 21 membres attributaires de “nageurs en eaux troubles” pour avoir participé à “ce honteux détournement de l'éthique universitaire”. Le RCD appelle la communauté universitaire à “faire barrage aux fossoyeurs de Kabylie et de sa mémoire”. Tout en recommandant vigilance et solidairité, le RCD oppose “aux desseins machiavéliques des chargés de mission et de leurs commanditaires la détermination et la lucidité dans un cadre solidaire”, conclut le communiqué. Pour sa part, le Mouvement culturel berbère (MCB) condamne également “avec vigueur cette ignominie”. “Le conseil scientifique, amputé des membres qui ont refusé le déshonneur, semble oublier que la personne qu'il vient d'honorer a été à l'origine de la répression qui s'est abattue dès 1962 sur les militants de la cause amazigh”, rappelle le MCB avant de s'interroger : “Peut-on lui pardonner la suppression de la chaire berbère de la faculté d'Alger qui avait près d'un siècle d'âge ? Peut-on oublier les 400 morts de Kabylie en 1963 ? Faut-il rappeler que Ben Bella est membre de l'International islamique et qu'il continue de revendiquer la réhabilitation du FIS dissous ? Doit-on se remémorer les récentes insultes proférées à l'endroit de Abane ?” Pour le MCB, la communauté universitaire ne saurait accepter que soit perverti le message d'Avril 1980. “Le MCB continue à veiller pour que le combat de ses militants ne soit ni détourné ni souillé et œuvrera pour que les vérités historiques soient restituées à la mémoire collective”, peut-on encore lire dans le document du mouvement. Y. A.