Le sélectionneur national Djamel Belmadi, même s'il n'a toujours pas rendu publique la liste des joueurs choisis pour la Coupe d'Afrique des nations (CAN) prévue du 21 juin au 19 juillet, affirme que les noms des joueurs qui seront présents en Egypte sont quasiment tranchés. "À deux ou trois éléments près, la liste est dans ma tête. Il y a une cohérence à avoir. Maintenant, qu'un joueur surprise vienne s'ajouter, c'est possible. On voit souvent ce cas de figure-là avant les grandes compétitions type Coupe du monde. Si je le fais, c'est que j'estime que le joueur peut rendre service, peut bousculer les choses et qu'il est une plus-value. Peut-être qu'il y aura ce type de surprise, mais à 90% la liste est faite", a fait savoir le driver national dans un entretien accordé au site spécialisé beIN Sports. Belmadi a précisé les détails de certains choix, comme c'est le cas pour l'attaquant de pointe Baghdad Bounedjah. Belmadi confirme qu'il est le choix n°1 pour son poste : "Bounedjah s'est imposé de lui-même. Il a fait le nécessaire et c'est ça qu'on demande à un attaquant. Tout ne doit pas être remis en question. Il a une faim énorme de briller en équipe nationale. Il est arrivé sur le tard. Je n'ai pas de temps à perdre, voilà ce que dit Bounedjah. Il ne se pose pas de question et il veut juste marquer des buts. Il se fout de qui il a en face, de l'équipe, du joueur… Je connais bien ce joueur-là. Baghdad est dans une course contre la montre. Avant même que j'arrive en sélection, il a eu une ou deux sélections sans vraiment qu'on lui fasse confiance. Quand j'ai pris les rênes, je l'ai imposé de suite et il nous le rend bien. Aujourd'hui, il a un temps d'avance sur les autres", explique le coach national. Pour ce qui est d'Ishak Belfodil, qui reste également sélectionnable pour la phase finale de la CAN, "la performance de Bounedjah ne veut pas dire qu'un Belfodil ou un autre n'est pas utile. Ishak a une vingtaine de sélections. Il faudrait qu'il montre de la consistance et de la régularité. Il a mis deux buts en 20 sélections, je suis sûr que même pour lui, ce n'est pas assez. Généralement, et souvent pour les sélections nord-africaines, il y a un décalage entre ce que l'on fait en club et en sélection". "Je suis le sélectionneur de l'Algérie, j'attends donc qu'en sélection, on soit performant. Maintenant, il est vrai que Belfodil est dans une bonne forme, il met des buts. Il en est à 15 dans un championnat costaud. Il est présent. Je compte sur lui", dira l'ex-milieu de terrain de l'O Marseille. Et si la présence de Belfodil en Egypte est presque confirmée par le driver national, cela n'est pas le cas pour l'autre nouvelle figure des Verts, Andy Delort. "C'est lui qui s'est manifesté. Il a été ultra-présent en termes de communication. Il a fait ça tout seul. J'ai été aussi surpris que vous. Même si j'ai eu l'information quinze jours avant que cela ne sorte. On m'a appelé et on m'a dit que sa maman est algérienne et qu'il allait faire ses démarches. J'ai dit c'est bien pour lui. C'est une bonne chose de faire cette démarche-là et pas uniquement pour le football, puisque maintenant il va connaître un peu plus l'un de ses pays, puisque sa maman est algérienne et le papa est français. Sur l'aspect sportif, il s'est manifesté. Demain, s'il a les papiers algériens, il sera pris en considération. Maintenant, ça ne veut pas dire qu'il sera sélectionné mais il sera pris en considération", précise-t-il avant d'exprimer son admiration pour certains joueurs de la nouvelle et jeune génération qui vient de rejoindre les rangs de l'EN : "Hicham Boudaoui (Paradou AC, 19 ans) me fait penser à Tigana... C'est un joueur très fin, très actif, très intelligent dans son jeu. Il ne perd pas le ballon. Il a l'air tout mince mais ne perd pas de duels. Il a un tel volume de jeu ! Il est très propre dans son jeu à un poste-clé. J'ai beaucoup d'espoirs en lui. Il y a également Haithem Loucif (Paradou AC, 22 ans) qui peut être un Youcef Atal bis, même s'il est un peu différent. Il ne marquera jamais de buts mais est beaucoup plus à même de prendre son couloir, avec une belle qualité de centre. Il y a l'autre, Zakaria Naïdji, qui réalise une belle saison avec une vingtaine de buts." En outre, Belmadi dévoile pour la première fois sa philosophie de travail avec le groupe où il compte faire de l'un des cadres de l'équipe son relais sur le terrain, comme il avait fait auparavant avec le Tunisien Youcef Mesakni au club d'Al Duhail. "Je suis en train de développer des relations spécifiques avec les joueurs. C'est la clé du boulot pour moi et c'est ce que j'aime dans ce métier. La différence, c'est que je ne vois pas les joueurs au quotidien... Mesakni, c'est un joueur et une personne que j'apprécie énormément. Quand je parle avec des joueurs comme Mahrez qui aiment et réfléchissent football, ça me rappelle un peu cette relation que j'avais avec lui. Dire aujourd'hui qu'un footballeur connaît et aime le football, ce n'est pas si évident que ça. Il sait peut-être jouer au football, mais être pleinement investi, développer une réflexion, aujourd'hui, ce n'est plus évident. Mahrez est un joueur qui aime profondément le football et il sait qu'il est chanceux de faire de sa passion son métier. Donc aujourd'hui, ça peut être lui le relais mais ça peut être aussi Yacine Brahimi, Sofiane Feghouli. Ils sont tous super intéressants et humainement top", explique Djamel Belmadi qui n'hésite pas également de mettre les points sur les i à propos du débat "locaux / émigrés" : "C'est un faux débat qui existe et qui existera, je pense, car il y a des personnes qui se complaisent là-dedans. À partir du moment où tu es algérien, il n'y a plus de binationaux, de locaux, d'expatriés… Il n'y a que des joueurs qui doivent être performants, rendre service à l'équipe et faire avancer les choses. À partir de là, j'ai dit ce que j'avais à dire et je fais ce que j'ai dit." Ahmed Ifticen