Depuis que son album “tachakourat” est sorti au Liban en 2001, la star algérienne n'arrête pas de surprendre. De succès en succès : “Badr 14”, “Mahalen aliya” et autres“Ma bissir”, des chansons classées au top des topsà Beyrouth et au Caire, Fella s'impose et impose la musique algérienne là où il faut. Elle cartonne même avec son nouvel album produit par Rotana. “Ahl el maghna” en est titre phare et “Wala hata thania” est déjà classé tube de l'été. Spontanée, fidèle à sa “ligne” artistique et animée d'une volonté de fer, Fella se confie à cœur ouvert à “Liberté”. Liberté : Votre dernier album, Ahl el maghna, connaît un grand succès au Liban. Il marque aussi votre retour en force dans les hit-parades du Moyen-Orient… Parlez-nous un peu de cet album. Et sera-t-il disponible en Algérie ? Fella Ababsa : Le titre phare de cet album Ahl el maghna est un hommage que je rends aux grands maîtres de la musique du Maghreb et du Moyen-Orient. C'est une chanson qui décrit l'état critique actuel de la chanson arabe, de manière générale. Certains n'ont pas apprécié le fait que j'aies abordé ce sujet. D'autant que j'ai adopté le style country. C'était trop audacieux à leurs yeux. Pour moi, chanter dans ce style, oublié ces derniers temps aux Etats-Unis, en lui ajoutant des couplets de la musique orientale, était une façon de briser le silence qui entoure la médiocrité. Mon compositeur, originaire d'Arménie, M. Georges Merdérossien, ainsi que mon auteur, le syrien Safouh Chaghala, ont réalisé un excellent travail. Le classement de cette chanson en première place du top 20 au Liban en est la parfaite illustration. Le clip de ce titre a eu un succès fou. Je suis très réconfortée. Mon nouvel album contient aussi deux titres raï, Wlidi el ghali et Enqalech omri. Il faut noter que les deux chansons sont des reprises, avec un changement de textes et d'arrangements. L'album sera disponible en Algérie dans les prochains jours. On peut dire que ce nouvel album est le plus réussi depuis que vous vous êtes installée au Liban ? Je pense que, depuis sa sortie, l'album a enregistré un très bon écho. Il marque aussi mon retour à Rotana, puisque c'est cette grande société de production qui a acheté mon produit. Je viens de signer un nouveau contrat de 5 ans avec Rotana qui assure la promotion de ce nouveau succès. C'est aussi elle qui a lancé mes deux albums Tachakourat, en 2001, et Badr 14 en 2003. Comment ont été vos premières scènes dans ce pays ? Très réussies. Je peux dire que j'ai eu une bonne opportunité en chantant en duo avec Walid Tawfiq en 2000. Le manager de ce dernier, Mme Anoud, a “craqué” — pour reprendre ses dires — pour ma voix. C'est alors qu'elle a décidé de me lancer. Depuis, je me suis installée au Liban, connu pour son industrie musicale à la hollywoodienne. J'ai participé à plusieurs festivals et animé de grands concerts, dont l'un d'eux a été acheté par Rotana, à savoir le concert de Massrah el Madina en 2002 où j'avais interprété les grands succès de Fayrouz et Warda. En somme, la chance m'a souri au Liban, après avoir produit 18 albums en Algérie. Et la concurrence dans tout ça ? Il n'y a pas de concurrence au sens propre du mot. La maison de production Rotana a un bon nombre de chanteurs qu'elle produit au Liban. Elle organise souvent des rencontres et des soirées. Le milieu artistique libanais m'a beaucoup encouragé. En revanche, chez nous, depuis la sortie de mon album tachakourat en 2001, je n'ai reçu aucun égard, alors que je me bats pour bien représenter l'Algérie, ce qui n'est pas facile ! Le plus grave encore, c'est qu'on veut m'empêcher de chanter pour mon public. Mon unique “trésor”, et je l'ai bien dit dans la chanson Rani jay. On peut tout changer dans notre pays, sauf le drapeau. Il y avait mon père (Abdelhamid Ababsa, ndlr), mon grand-père, moi et il y aura ma fille, certainement, demain. La culture ne meurt jamais ! Pouvons-nous savoir un peu plus sur le litige entre Fella Ababsa et le CCI ? En fait, j'ai pris contact avec les responsables concernés. Je pensais que l'Algérie appartient à tout le peuple algérien. Ces responsables ne sont que des fonctionnaires d'un établissement de l'Etat. Ils m'ont boycottée d'une façon ou d'une autre parce que je suis algérienne et je sais comment ça fonctionne. Je ne vais pas entrer dans les détails. Je me suis proposée pour me produire, sans même négocier le cachet. M. Bentorki, le responsable du CCI, a contacté mon manager pour lui proposer la date du 15 juillet pour mon concert. Cette date a été déjà retenue dans mon calendrier par Rotana, pour le festival de Carthage. M. Bentorki n'a pas voulu me proposer une autre. J'attends désespérément. Bien que je sais pertinemment qu'on ne veut pas de moi. Ils n'ont pas le droit de faire ça aux artistes ! Ceci ne vous empêche pas de vous produire dans d'autres villes d'Algérie… Non, pas du tout. Je suis très fière de mon public et c'est pour lui que je chante. J'ai été invitée par les responsables de Capri-Tours à Béjaïa, où je dois me produire le 20 août prochain. À Alger aussi. En revanche, je viens de terminer l'enregistrement d'une chanson en duo avec Gaillard Bécaud. C'est une chanson de paix, signée par ce dernier, qui sortira en France dans les prochains jours. M. Gaillard Bécaud, qui n'est autre que le fils et le manager du défunt Gilbert Bécaud, assure la promotion du single. Par ailleurs, je me prépare pour l'enregistrement d'une nouvelle version de Rani jay en duo avec Réda Cité-16, qui sera un mélange raï-rap. Il y aura des surprises ! À part la chanson, avez-vous d'autres projets en tête ? Oui, je vais lancer une marque de poupées. Je m'intéresse beaucoup à l'enfance. J'ai toujours insisté pour que les enfants paraissent dans mes clips. Je prépare beaucoup de choses pour les enfants. J'en révélerai le contenu au moment opportun. Vous avez été mêlée dans une grande campagne de presse à une certaine époque. Comment voyez-vous cette presse aujourd'hui ? En toute sincérité, je peux vous dire que j'ai toujours soutenu la liberté d'expression. C'est un grand acquis pour notre pays. En ce qui concerne la campagne de presse menée par certaines plumes, ce n'était pas moi qui étais visée, mais une personne qui m'a aidée et protégée pendant la période très difficile traversée par notre pays. Je profite de cette opportunité pour passer un petit coucou à Dilem, qui m'a reproduit dans ses caricatures ce temps-là. C'est un artiste que j'apprécie, sans rancune. Fella fait toujours de la cuisine ? Ch'titha bouzelouf est toujours au menu ? Oui. Vous vous souvenez de ça ! Vous savez, la première chose que j'ai emmenée avec moi au Liban, c'était un couscoussier ! Chaque vendredi, je prépare une grande waâda que je distribue dans des mosquées en hommage à mon défunt père. Sinon, à la maison où je passe beaucoup de temps à la cuisine pour préparer des plats. Votre dernier mot… Je remercie Dieu de m'avoir accordé beaucoup de chances et de succès. Je remercie mon public et le quotidien Liberté et tous les gens qui m'aiment et qui ont été à mes côtés pendant les moments difficiles. L. G.