La cérémonie d'ouverture a été marquée par un vibrant hommage à la réalisatrice française Agnès Varda et par la projection de The Dead don't die de Jim Jarmusch, qui dévoile son monde de zombies aux accents politiques, puisque le film se veut aussi une dénonciation de la politique américaine où la figure omniprésente de Donald Trump se dessine en arrière-plan. Le matin. La Croisette se distingue par son rythme calme. La mer bleue miroite au soleil qui s'est imposé dès les premières lueurs. Quelques badauds sur les quais savourent encore le calme matinal, en attendant la fièvre de la cérémonie d'ouverture de la 72e édition de la plus grande messe cinématographique qu'abrite la ville de Cannes. Imperceptiblement la ville s'agite. Les organisateurs s'affairent à dérouler le fameux tapis rouge, les fans à chercher les invitations, les festivaliers à faire la queue pour retirer leurs badges, les journalistes à observer le mouvement et les commerçants se préparent au rush du soir. Dès 17h, on sent l'accélération des évènements. Le bal des voitures noires commence. Entre-temps, une polémique autour de la remise prochaine d'une Palme d'or d'honneur à Alain Delon éclate au grand jour. Le mythique acteur français, dans une pétition qui circule, est accusé par l'association Women and Hollywood de tenir des propos "racistes, homophobes et misogynes". Mais la pluie de stars qui s'est abattue sur le tapis rouge, cerné par des fans et colonisé par les photographes, a relégué cette controverse au second plan. L'acteur espagnol Javier Bardem et l'actrice Charlotte Gainsbourg, retenus pour le lancement de cette nouvelle édition, arrivent en même temps. Suivront les membres du jury et l'équipe du film d'ouverture The Dead don't die de Jim Jarmusch, dont Bill Murray, Adam Driver, Tilda Swinton, Chloé Savigny, Danny Glover, Steve Buscemi, Tom Waits et Iggy Pop. Mais c'est la chanteuse, actrice et productrice américaine Selena Gomez, de retour en force sur scène et enveloppée dans une robe sexy, qui a secoué les festivaliers en insufflant un vent de passion. La cérémonie a été marquée par un vibrant hommage à feu la réalisatrice française Agnès Varda et le long discours du président du jury sur la puissance émotionnelle du cinéma et ses vertus de la connaissance les uns des autres. Cette édition ouverte mardi 14 mai "va être un voyage qui va nous transformer, tous les membres du jury", a-t-il souligné. La soirée a été couronnée par la projection de The Dead don't die de Jim Jarmusch qui dévoile son monde de zombies aux accents politiques, puisque le film se veut aussi une dénonciation de la politique américaine où la figure omniprésente de Donald Trump se dessine en arrière-plan. Le lendemain (hier), la compétition avec ses 21 films dont quatre réalisatrices a commencé et sera suivie sur place par 450 journalistes et 40 000 professionnels du cinéma. À rappeler que deux Algérien(e)s, Mounia Meddour avec Papicha et Amin Sidi-Boumediene avec Abou Leila, participent à la course, respectivement dans les sections "Un certain regard" et "Semaine de la critique". Outre les heureux gagnants qui seront connus au plus tard le soir du 25 mai, la ville de Cannes, dont les Cannois se sont retirés pour la durée du festival, profitera des 197 millions d'euros de retombées économiques attendus. Il faut s'attendre aussi à l'expression des gilets jaunes qui voient en Cannes une caisse de résonnance de ce mouvement étouffé. Manifestement, tout le monde va rêver, vibrer, militer et gagner. Mais une seule personne va rentrer dans l'histoire : celui qui aura gagné la Palme d'or. T. H.