Les opérations de relogement des habitants de la Casbah se suivent et se ressemblent. Et la dernière en date, à savoir celle de ce début de Ramadhan, ne déroge pas à la règle puisqu'en plus des dysfonctionnements, elle a enregistré de nombreuses malversations, selon les présents hier à la réunion du bureau de la Fondation Casbah. Pourtant, cette opération de relogement est intervenue suite à l'effondrement d'un immeuble qui a fait 5 morts. On aurait pu penser que la conjoncture aurait dicté plus de rigueur dans la gestion de cette dernière opération de relogement. Mais c'était compter sans les vieux réflexes. D'ailleurs, d'après les déclarations de l'ancien wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, les habitants de l'immeuble en question étaient des indus occupants. Les familles qui occupaient les appartements de la bâtisse, avaient été relogées auparavant. Mais pis encore, la Casbah est devenue un fonds de commerce pour certains, selon un habitant présent à la réunion de la Fondation qui avait invité les familles à assister pour, justement, dénoncer ces malversations. Se référant au listing de la wilaya dont il détient une copie, Athmane Bouras, membre du bureau de la Fondation, a révélé qu'il y a une grande différence entre ce qui est consigné dans ce listing et la réalité. Par exemple, au 10 rue Ali-Tamglit (Basse-Casbah), il y a 13 familles concernées, mais pour la même adresse, le listing de la wilaya a validé 25 attributions. Toujours dans la même rue, puis précisément au 11, le listing a validé 29 attributions pour 22 familles concernées réellement, soit un écart de 7. Au 2 rue Mohamed-Arouri, le propriétaire de la maison nous fait savoir qu'il a communiqué le nombre de 4 familles à reloger mais, au final, le listing a validé 6 attributions sur le compte de cette adresse. Le propriétaire dénonce cette pratique qui permet aux familles qui n'ont pas habité chez lui de se voir attribuer un logement sur la base d'une résidence fictive. Les choses ne se sont pas limitées à cela, puisque, a ajouté Athmane Bouras, au 13 rue Hadj-Omar, par exemple, sur les 13 familles, concernées par le relogement, 7 ne l'ont pas été. Pourtant, le listing de la wilaya évoque 13 attributions. Remonté, M. Bouras a désigné le P/APC et le wali délégué responsables de cette situation. Selon lui, il n'est pas logique de programmer des relogements au niveau d'immeubles qui ont déjà fait l'objet de relogement. C'est le cas notamment au 67 rue Sidi-Driss-Hamidouche qui a connu le recasement à trois reprises. À chaque opération, ces bâtisses ne sont pas condamnées ce qui ouvre grandes les portes aux squatteurs de tous bords de réinvestir les lieux. Parfois, ce sont les mêmes squatteurs relogés qui reviennent à la charge en quête d'un nouveau butin mais jamais sans la complicité de l'administration. Pour rappel la Fondation Casbah a plaidé récemment pour l'accélération du relogement des résidents, en raison de la vétusté des bâtisses mais aussi afin de permettre le lancement effectif des travaux de rénovation de ce site historique. Pour son président, Ali Mebtouche, la Fondation a pour vocation de protéger le bâti et son contenant, à savoir la population. Mais il a tenu à préciser que les membres de la Fondation sont des bénévoles et que les autorités sont payées pour préserver le site, la mémoire et les âmes qui y vivent. Cependant, le constat fait par les présents à la réunion d'hier permet à certains membres de la Fondation d'affirmer qu'à ce rythme, le problème de la Casbah ne se réglera jamais et qu'elle ne sera jamais restaurée.