Human Rights Watch estime à 60 000 personnes au moins le nombre de détenus qui ont été incarcérés pour des motifs politiques en Egypte. Une nouvelle vague de répression s'est abattue contre les militants des droits humains en Egypte, s'est alarmée l'ONG Amnesty International (AI) dans un communiqué vendredi soir. La réaction d'AI intervient après les arrestations de l'avocat Haytham Mohamdeen et de l'ancien militant politique Mostafa Maher, deux figures importantes dans la défense des droits de l'homme au Caire. Celles-ci ont suscité la crainte de l'ONG de défense des droits de l'homme que "les autorités égyptiennes puissent entreprendre une nouvelle vague de répression ciblant la dissidence pacifique ou des individus ayant été militants". Magdalena Mughrabi, la directrice adjointe pour le Moyen-Orient de l'ONG, a affirmé dans ce communiqué que "ces récentes arrestations ont ravivé un climat de peur chez les militants indépendants et les organisations des droits humains à propos d'un nouvel assaut des autorités égyptiennes contre le droit à la liberté d'expression et de réunion pacifique". Pour rappel, Haytham Mohamdeen, avocat en droit du travail, avait été libéré de prison en octobre dernier et placé en liberté surveillée, après cinq mois de détention pour avoir organisé des manifestations pacifiques. Il a été convoqué par la police lundi puis arrêté "après avoir été accusé à tort de violation des modalités de sa probation", a précisé Amnesty International. Par ailleurs, le parquet du Caire a ordonné jeudi le placement en détention provisoire des deux hommes pendant 15 jours, pour avoir prétendument "aidé un groupe terroriste à atteindre ses objectifs", a indiqué l'ONG. Elle a appelé les autorités égyptiennes à libérer les deux hommes "immédiatement et sans condition", qualifiant leur détention d'"arbitraire" et des accusations formulées à leur encontre de "vagues et sans fondement crédible". L'alerte de cette ONG coïncidait avec la signature le même jour par le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi d'un décret graciant 560 prisonniers, dont plusieurs jeunes ainsi que des prisonniers ayant des problèmes de santé. Selon le média Ahram Online, le célèbre journaliste Abdel-Halim Qandil fait partie des prisonniers amnistiés pour des raisons de santé. Le décret, publié au journal officiel vendredi, lui permet de bénéficier d'une libération anticipée pour des raisons de santé. L'on rappellera que les ONG de défense des droits de l'homme, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, dénoncent régulièrement la répression et les violations des libertés par le régime du président égyptien al-Sissi, au pouvoir depuis 2014. Depuis la destitution par l'armée du président islamiste Mohamed Morsi en 2013, des centaines de voix considérées comme dissidentes ont été emprisonnées. Merzak Tigrine