La contestation est allée crescendo depuis le 19 décembre, poussant au départ de l'ancien président al-Bachir. Mais la guerre politique n'est pas encore gagnée pour les Soudanais qui n'ont pas utilisé toutes leurs cartes. Annoncée en fin de semaine dernière, la grève générale aura lieu ces mardi et mercredi, en réponse au refus de l'armée soudanaise de transférer intégralement le pouvoir aux civils, a annoncé dans la nuit de vendredi à hier l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC). Cette grève de deux jours constitue un moyen de pression supplémentaire sur le Conseil militaire de transition, formé par d'anciens proches du président destitué Omar al-Bachir, alors que le dernier round des négociations s'est terminé lundi dernier par un échec. Pour l'ALC, fer de lance de la contestation, elle a été "contrainte de recourir à cette action pacifique faute d'alternatives" pour une sortie de crise à Khartoum. "Des grèves générales seront lancées mardi et mercredi dans les entreprises et sociétés publiques et privées et dans tous les secteurs professionnels. Des sit-in seront organisés parallèlement dans la capitale et dans les provinces", est-il précisé dans le communiqué. Ce mouvement de grève, qui sera levé jeudi, est destiné, selon l'ALC, à "rectifier le processus de la révolution et parachever ses objectifs" dans un pays plongé dans l'incertitude politique. Et la grève n'est qu'un premier pas vers la désobéissance civile, une option également envisagée par l'ALC, dans le cas où les militaires ne se décideraient pas à renoncer à leur ambition de garder une grande partie du pouvoir. Car, le Conseil de transition militaire n'a montré, pour le moment, aucune volonté de céder totalement les rênes du pays aux civils, comme le réclament la rue et la communauté internationale. Pour rappel, les discussions avec l'armée ont été suspendues lundi en raison de désaccords sur la composition du futur Conseil souverain, qui doit être mis en place pour gérer la transition, et sur la personne — un civil ou un militaire — qui doit en prendre la tête. Depuis, nul n'a indiqué si les négociations allaient reprendre. Les généraux à la tête du pays ont jusqu'ici refusé les demandes de la contestation pour un transfert du pouvoir aux civils et insistent pour que l'un des leurs prenne la tête du Conseil souverain, censé diriger le pays pendant trois ans. L'armée fait ainsi la sourde oreille aux appels de la communauté internationale à céder le pouvoir à un gouvernement civil. Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais campent nuit et jour devant le QG de l'armée à Khartoum. Ils exigent une administration civile pour remplacer les généraux, au pouvoir depuis la chute de Omar al-Bachir à la suite d'un mouvement de contestation déclenché le 19 décembre 2018 par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain en pleine crise économique. L. M./Agences