Me Dabouz considère que la détention provisoire qui devait être une exception devient fatalement une règle, appelant à la refonte du code de procédure. Hadj-Brahim Aouf est enfin libre. Codétenu du défunt Kamal-Eddine Fekhar, Hadj-Brahim Aouf a été libéré avant-hier, alors qu'il purgeait une peine d'emprisonnement à la maison d'arrêt de Ghardaïa. Avec cette libération, intervenue quelques jours après la mort du Dr Fekhar, Aouf pourra ainsi assister à l'enterrement de son codétenu, comme il l'avait souhaité. Selon Me Salah Dabouz, lui aussi accusé dans le même dossier, en rendant visite à Hadj-Brahim Aouf, "l'agent responsable à la prison a ordonné le retrait de mon permis de visite", a-t-il témoigné, soulignant qu'il avait "mal pris la décision". L'avocat a ajouté qu'en voyant Hadj-Brahim, "j'avais craint qu'un malheur puisse lui arriver", d'autant plus que la mort de Fekhar "l'avait abattu". Me Dabouz a raconté qu'avant la libération de Hadj-Brahim, "le procureur et le juge d'instruction sont allés le voir avec un avocat à la prison et ils ont convenu de le relâcher". L'avocat a rappelé que Hadj-Brahim Aouf a été poursuivi dans 5 affaires et qu'il a été arrêté alors qu'il était sous contrôle judiciaire. "Le 31 mars, il s'est fait arrêter au tribunal par des policiers qui l'ont embarqué, alors qu'il venait juste de signer son contrôle judiciaire", a-t-il dit, ajoutant qu'il "a été tabassé et insulté à l'intérieur du tribunal". "Il s'est retrouvé avec le Dr Fekhar qui avait été, quant à lui, arrêté quelque temps auparavant", indique l'avocat. Selon Me Dabouz, ils sont "accusés dans le même dossier que moi", avec Didou Noureddine, Mesbah Hamou, Cheikh Belhadj Nacerddine et Babaz Khoudir. "Après cette arrestation, Aouf a entamé une grève de la faim avec Kamal-Eddine Fekhar" et les deux prisonniers "ont été incarcérés dans une pièce de 2 m2 dans des conditions insupportables", raconte l'avocat, mettant l'accent sur le fait que lors du transfert du Dr Fekhar à l'hôpital, "les conditions d'hygiène étaient également déplorables", précisant qu'il avait alerté sur cette situation à travers deux vidéos qu'il avait publiées sur les réseaux sociaux. Pour l'avocat, la libération d'Aouf est un soulagement et une victoire de "la vague de solidarité sur les réseaux sociaux". "Nous allons gagner ensemble ou mourir ensemble", avait confié Hadj-Brahim à Me Dabouz. "Après la mort de Fekhar, Aouf a souhaité assister à l'enterrement, quitte à reprendre la grève de la faim pour obliger les autorités à l'y autoriser", souligne l'avocat, qui considère que cette arrestation est "une grossière erreur judiciaire. Me Dabouz a, par ailleurs, estimé que l'arrestation des activistes mozabites, ainsi que celle de Bennaoum, Gharmoul et Louisa Hanoune ne devraient pas avoir lieu". Il considère que la détention provisoire, qui devait être une exception, devient fatalement une règle, appelant à la refonte du code de procédure. Pour rappel, le Dr Kamal-Eddine Fekhar a rendu l'âme mardi à l'hôpital de Blida, après plusieurs semaines de grève de la faim pour contester son arrestation. Son enterrement aura lieu, aujourd'hui, au cimetière d'El-Alia à Alger. Hier, lors des marches hebdomadaires, des milliers, voire des millions de manifestants ont tenu à rendre un ultime hommage au martyr. Son enterrement drainera inévitablement des milliers de personnes, notamment de sa communauté et des militants des droits de l'Homme qui tiennent à accompagner le Dr Fekhar à sa dernière demeure. Mohamed Mouloudj