La valeur officielle du dinar algérien n'est pas forcément surévaluée et sa dépréciation ne doit pas constituer le seul moyen de redresser les équilibres financiers extérieurs du pays, estime la Banque d'Algérie (BA) dans une récente note de conjoncture, publiée lundi dernier sur son site internet. Analysant la conjoncture financière et monétaire du second semestre de 2018, la Banque centrale relève ainsi que "concernant le niveau du cours de change du dinar, considéré comme surévalué, selon certaines analyses, vis-à-vis des deux principales monnaies de règlement, il y a lieu de souligner qu'il n'existe aucune méthode d'évaluation qui soit incontestable, y compris au sein du FMI, dont l'une des missions statutaires est l'évaluation des politiques de change des pays membres". En termes plus clairs, le cours officiel actuellement en vigueur de la monnaie nationale serait tout à fait réaliste aux yeux de la Banque centrale qui tente, en ce sens, de rétorquer aux analyses récentes de certains experts qui invoquent la nécessité de réajuster à la baisse la valeur du dinar, considérée, selon eux, comme surévaluée et, par conséquent, propice au gonflement des importations et de la surfacturation. Dans cet ordre d'idées, la Banque d'Algérie n'hésite pas à aller plus loin dans son approche plutôt prudente de la gestion du taux de change du dinar, estimant que le recours à sa dépréciation ne doit pas tenir lieu d'instrument essentiel pour la maîtrise des déficits financiers extérieurs. Tout en rappelant que le dinar a déjà subi "des ajustements importants" ces dernières années, en contexte de choc externe né de la chute des prix du pétrole, l'institution à qui échoit la gestion de la politique de change souligne, ainsi, que l'ajustement de la parité de la monnaie nationale "ne doit pas constituer le principal, voire l'unique levier d'ajustement macroéconomique". Pour que ce levier soit efficace, insiste-t-elle au demeurant, il doit intervenir en accompagnement de la mise en œuvre effective "d'autres mesures et politiques d'ajustement macroéconomique, notamment budgétaire, aux fins de rétablir durablement les équilibres macroéconomiques". Aussi, les outils d'ajustement du taux de change comme moyen de juguler l'emballement des importations et de ralentir ainsi le creusement du déficit du compte courant ne peuvent être actionnés, tranche en définitive la Banque centrale, qu'en appui à de nécessaires "réformes structurelles aux fins d'asseoir une diversification effective de l'économie et in fine une hausse de l'offre domestique de biens et services". À noter qu'à travers sa note de conjoncture la BA indique qu'entre juin et décembre 2018, le dinar s'est apprécié face à l'euro de 1,26% et s'est déprécié face au dollar de 1,3%. De nombreux experts et observateurs, faut-il enfin le rappeler, considèrent que la monnaie nationale reste surévaluée par rapport à la réalité des fondamentaux de l'économie domestique et plaident, en conséquence, en faveur de son réajustement à la baisse pour freiner le rythme des dépenses à l'importation, décourager la surfacturation et parvenir par là même à redresser progressivement l'équilibre de la balance des paiements. Les mêmes experts préconisent en parallèle des mesures fiscales et autres pour protéger le pouvoir d'achat des ménages contre les effets des ajustements dont devrait faire l'objet la parité du dinar.