Le cortège composé de plusieurs dizaines d'étudiants représentant les différents campus universitaires de la région du centre universitaire a démarré de la place des Martyrs vers la Grande-Poste. Le 16e mardi du mouvement de contestation estudiantin a été marqué, hier, par le choix d'un nouveau parcours pour la manifestation et la conception de nouveaux slogans adaptés aux derniers développements intervenus sur la scène politico-judiciaire. Ils ont emprunté un itinéraire peu habituel pour deux raisons. "La première est liée au fait qu'il y a des étudiants qui passent ce matin (ndlr hier matin) des examens notamment à la Fac centrale, histoire de ne pas les perturber et la seconde vient démontrer tout le génie de notre génération qui s'est inspirée de celui de nos ancêtres les chouhada Taleb Abderrahmane, Amara Rachid et les autres", nous lancera un étudiante de l'Ecole polytechnique d'El-Harrach qui a ajouté que les comités d'étudiants ont préféré que la 16e marche démarre de la place des Martyrs. En effet, cette génération d'étudiants a encore confirmé qu'elle redouble d'astuces et d'ingéniosité pour contourner tous les éventuels "écueils". Le cortège composé de plusieurs dizaines d'étudiants représentant les différents campus universitaires de la région du centre universitaire, a démarré de la place des Martyrs vers la Grande-Poste, et ce, en présence d'un imposant contingent de brigades antiémeutes qui était sur les lieux dès les premières heures de la journée. L'impressionnant dispositif sécuritaire habituel était au rendez-vous. Des patrouilles des forces de l'ordre et de gros engins d'intervention étaient visibles dans tous les coins d'Alger-Centre. Des fourgons de police sont stationnés tout le long du boulevard Zighoud-Youcef. D'autres gros camions sont immobilisés depuis l'entame de la rue Abane-Ramdane jusqu'à la rue Asselah-Hocine, en passant par le boulevard Mustapha-Benboulaïd avant d'atteindre l'ancienne place emblématique de ralliement des manifestants, la Grande-Poste. Le monument historique d'Alger-Centre à savoir la Grande-Poste, est encore placé sous "haute surveillance" policière, puisqu'il est toujours fermé sous prétexte de "fissures constatées sous l'escalier". Des fourgons de police sont stationnés autour de l'édifice. En fait, le même déploiement sécuritaire est visible à la Place Audin, au début du boulevard Mohammed-V, à la rue Didouche-Mourad ou encore au Tunnel des facultés qui est toujours interdit aux manifestants. Néanmoins, et contrairement aux précédents mardis, les brigades antiémeutes n'ont, à aucun moment, usé de la matraque et encore moins de gaz lacrymogènes. Brandissant, comme à l'accoutumée, de nombreux écriteaux et pancartes qui renseignent sur les nouveaux messages politiques adressés aux nouveaux tenants du pouvoir, les étudiants drapés dans l'emblème national ont réitéré leur attachement à la revendication du "hirak" populaire, à savoir le départ de tout le régime politique en place. Le coup d'envoi de la marche a été donné vers 10h30, direction la Fac centrale et la place Audin. Les jeunes universitaires tout en tapant des mains, commencent par scander les slogans phare du "hirak", tels que "Hé viva Algeria", "Yetnahaou gaâ", ou "Gaïd Salah dégage, Bensalah dégage, Bedoui dégage". La procession avance. Les slogans "Djazaïr horra démocratia" (Algérie libre et démocratique), "Dawla madania, machi askaria" (Etat civil, pas militaire) scandés par les manifestants, résonnent entre les vétustes immeubles de l'exiguë rue Bab Azzoun. En atteignant la rue Abane-Ramdane, un cordon sécuritaire est mis en place, de façon à empêcher les étudiants de rallier le tribunal ou des personnalités politiques et des hommes d'affaires défilent ces derniers jours devant le juge. Un groupe d'étudiants parade en scandant : "Nous réclamons l'indépendance de la justice" ou encore "Magistrats restez fidèles à votre serment", "Nous avons demandé une justice de transition non pas une justice revancharde". Poursuivant inlassablement leur marche malgré la chaleur caniculaire jusqu'à la place Audin, en passant par la rue Larbi-Ben M'hidi, les manifestants entonnent des chants patriotiques et l'hymne national. D'autres banderoles sur lesquelles on peut lire : "Négociez votre départ et non votre maintien", "La retraite est à 70 ans", "SVP les militaires, pas de politique", ou encore "Non à la prolongation du mandat de Bensalah", sont déployées au milieu de la foule. Le cortège marque une longue halte à la place Audin tout en répétant en chœur : "Gaïd Salah dégage", "Bensalah dégage". Pour clore leur hirak qui a, hier encore, confirmé qu'il est loin d'être essoufflé, les étudiants reprennent la marche jusqu'au jardin Mohamed-Khemisti, aux cris de "Libérez l'Algérie".