Résumé : Yazid avait déjà entendu parler de la mère de Mounira. Cette dernière lui demanda de l'emmener à Alger. Il accepta tout en sachant qu'il prenait le risque de s'attirer les foudres de leurs familles. -Pourquoi ne pas nous tutoyer ?, proposa Mounira. Je préfère laisser le vous aux personnes d'un âge respectable. Tu as quel âge ? -Vingt-six ans. N'est-ce pas un âge respectable ? -Si, mais comme nous avons le même âge, il vaut mieux nous tutoyer. Tu fais quoi dans la vie ? -Je vais travailler dans un grand cabinet d'avocats. Et toi ? -Des études de médecine générale, lui apprit Mounira. Pour travailler sous les conseils de maman. Mais je ne consacrerai pas tout mon temps à mes malades comme maman. Elle n'a pas de vie en dehors de l'hôpital. -Elle adore son métier. -Oui, depuis toujours, répliqua Mounira. Maman n'a pas de vie familiale, et moi, j'en voudrais une : pouvoir fonder une vraie famille un jour, prouver à mes enfants que je suis là, qu'ils n'aient pas à se réveiller et à avoir peur en ne me trouvant pas près d'eux. -Tu exagères, fit Yazid. Ne me dis pas que tu te réveillais la nuit sans trouver quelqu'un à tes côtés. -Pourtant c'est la vérité, Yazid. D'accord, il n'est pas donné à n'importe qui d'être spécialiste. Seulement, maman donne plus de temps et d'importance à ses malades. Quand ce ne sont pas ceux de l'hôpital, ce sont les voisins qui accaparent son temps. Les jours où elle ne travaille pas, ils en profitent tous pour avoir une consultation gratuite. Tu ne me croiras pas Yazid, mais je ne connais pas bien ma mère. Je ne voudrais pas être une étrangère pour mes enfants. Yazid la laissa parler, comprenant qu'il était plus facile à Mounira de parler de sa vie à un inconnu. -Tu retournes souvent en Angleterre ? -Deux fois par an. Je me passerais bien de ces allers-retours si papa n'insistait pas tant pour s'assurer de ma parfaite éducation. C'est aussi l'occasion pour voir du monde. Dans le fond, je pense qu'il espère que je m'établisse un jour là- bas. -Tu dois lui manquer, remarqua Yazid. Mais dis-moi, tu portes toujours du cuir ? Mounira rit longtemps de la question. -Ces habits en cuir appartiennent à mon oncle Karim, le rassura-t-elle. Je porte des tailleurs, de jolies robes. Mounira changea de position et grimaça. -Aïe. J'ai encore plus mal que tout à l'heure. -Si je passais par une pharmacie acheter ce dont tu as besoin, proposa Yazid en voyant la cheville gonflée. -Il y a tout dans la pharmacie à maman. Il était près de 21h30 quand Yazid stationna sous le hall de la villa aux balcons éclairés et fleuris. Le jeune homme descendit et sonna. Il retournait ouvrir à Mounira quand une femme proche de la cinquantaine sortit. -Bonsoir madame. Elle s'avança inquiète quand elle le vit prendre Mounira dans ses bras. Déjà sa fille lui racontait : -Tu aurais dû me voir conduire la moto de ton frère. Surtout quand j'ai failli entrer dans la voiture de ce charmant jeune homme. Il a eu si peur, le pauvre, ajouta-t-elle en souriant. Mais il y avait de quoi, je me suis retrouvée dans un champ et lui dans un autre.
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