Réputé pour être un coin dangereux sur le plan sécuritaire durant cette dernière décennie, Aswel (la plaine) — un petit paradis en plein cœur du Djurdjura — tant convoité par les touristes, suscite d'abord moult tergiversations de la part des amoureux de la nature sauvage et de partisans de l'air pur et du calme. C'est parti ! Les mordus de l'aventure défient la peur et partent à la redécouverte de la montagne. En effet, ces derniers week-ends, début des grandes chaleurs, des nuées de passants et d'aventuriers osent enfin passer d'agréables moments en compagnie de leurs familles à l'abri de toute pollution et tapage urbains. Aswel est un espace paradisiaque situé à la limite des wilayas de Tizi Ouzou et de Bouira vers lequel on peut aboutir en empruntant la RN30. Aujourd'hui, vu les travaux d'aménagement d'un complexe sportif, le décor présente un autre aspect signalant la présence de la “civilisation”. “Nous avons effectué une bonne randonnée pédestre s'étalant sur trois à quatre heures de marche”, nous dira Jugurtha, un jeune lycéen accompagné de trois de ses camarades dont deux Algérois. L'un d'eux, Yacine, un étudiant en sciences politiques, fera l'éloge de la montagne : “Je préfère mille fois me rincer le corps dans cette eau limpide et fraîche que de plonger dans n'importe quelle plage d'Alger au risque de revenir, à la limite, avec une conjonctivite allergique”, faisant allusion à la pollution. Des familles s'arrêtent pour partager d'agréables moments de détente ou déguster les mets préparés pour un pique-nique, pendant que d'autres préfèrent goûter des prestations des services du complexe de Tikjda. À 10 heures, la plaine regorge déjà de monde. “Ce que nous déplorons est l'état de la route, allant d'Iboudrarène jusqu'au lieudit les Quatre-Chemins”, nous fait remarquer un quinquagénaire, au volant de sa petite Peugeot avec sa famille à bord. “C'est un grand risque de monter avec une telle charge. Je me demande pourquoi les autorités de Bouira ont eu l'audace de goudronner même les pistes alors que la RN30 reste dans ce piteux état”, s'insurge ce père de famille. Ainsi, pour peu d'argent, même les chômeurs peuvent s'offrir le plaisir de la nature, de l'air frais et d'un bronzage au naturel. Pour eux, le “tourisme” est un mot qui n'a pas de place dans leur jargon, puisqu'il connote souvent avec l'argent, les dépenses, les moyens, les vacances ou les congés payés. Ces jeunes en majorité viennent des Ath Ouacifs, Ath Yenni ou Hizer (Bouira), à pied ou en auto-stop et armés de leurs sprints et de sacs à dos bien remplis de galettes, conserves, piments cuits, frites, quelques fruits et des bouteilles de bière pour les plus fortunés. Décidément, pour ceux qui n'ont pas les moyens de voyager, la montagne leur offre un instant de bonheur, “un quart d'évasion”. Il suffit de vouloir partager ces moments de détente et surpasser les ères de vicissitudes et les stigmates de la quotidienneté lassante et envahissante. Limara B.