Ils faisaient et défaisaient les lois pendant de longues années dans les gouvernements successifs de Bouteflika. Poursuivis pour des faits de corruption, trafic d'influence, abus de pouvoir et octroi d'indus avantages, plusieurs anciens ministres et walis comparaîtront cette semaine devant le juge d'instruction près la Cour suprême. Certains d'entre eux, à l'image de Chakib Khelil et d'Abdeslam Bouchouareb, tous les deux destinataires d'une convocation de la plus haute juridiction, faisaient et défaisaient les lois pendant de longues années dans les précédents gouvernements d'Abdelaziz Bouteflika. Pour ces deux ministres, leur figuration dans les précédents Exécutifs du désormais ex-président de la République était synonyme d'un tremplin aux affaires et à la gabegie. Ces deux anciens ministres, qui ne sont pas des moindres, étaient attendus au tournant depuis quelques années déjà, alors qu'ils jouissaient d'une parfaite impunité pendant les vingt ans de règne d'Abdelaziz Bouteflika. Etant actuellement hors du territoire national, Abdeslam Bouchouareb et Chakib Khelil pourraient faire l'objet d'un mandat d'arrêt international dès cette semaine. Les temps ont également changé pour plusieurs de leurs anciens collègues, dont Karim Djoudi et Amar Tou, respectivement ancien ministre des Finances et conseiller du président déchu, ministre des Transports, qui devraient comparaître, aujourd'hui, devant le juge d'instruction près la Cour suprême. Abdelkader Bouazghi devrait, lui aussi, comparaître dès cette semaine devant le juge d'instruction près la Cour suprême. Deux walis devraient être auditionnés également dès cette semaine par le juge d'instruction près la même juridiction. Il s'agit d'Abdelkader Zoukh, ex-wali d'Alger, et de Mohamed Djamel Khanfar, actuel wali d'El-Bayadh, tous les deux cités dans l'affaire Ali Haddad. Ils sont poursuivis, avec les autres ministres cités ultérieurement, pour les mêmes chefs d'inculpation qui ont conduit Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal et Amara Benyounès droit à la prison d'El-Harrach. Après ouverture d'une enquête préliminaire par la brigade spécialisée de la Gendarmerie nationale, le juge d'instruction près la Cour d'Alger a auditionné les mis en cause et transféré leurs dossiers au juge d'instruction près la Cour suprême. D'autres ministres cités dans les mêmes affaires, voire dans d'autres délits, devraient faire leur entrée dans l'arène dès cette semaine. Certains, comme Boudjemaâ Talaï et Amar Ghoul, anciens ministres respectivement des Transports et des Travaux publics, bénéficiaient jusqu'ici de l'immunité parlementaire, laquelle devrait être levée sous peu pour permettre au juge d'instruire leurs dossiers. Djamel Ould Abbes et Saïd Barkat, recyclés dans le tiers présidentiel du Conseil de la nation, ne sont plus protégés par l'immunité parlementaire, ce qui ouvre la voie à leur audition dès cette semaine par le juge d'instruction. Par ailleurs, il est attendu que le patron du groupe Sovac, mis en garde à vue depuis jeudi, soit transféré dès aujourd'hui vers le tribunal de Sidi M'hamed, où il sera entendu par le juge d'instruction près la Cour d'Alger.