Peu d'informations ont filtré sur la teneur des auditions et sur la qualification précise des faits qui leur sont reprochés. Les anciens ministres Karim Djoudi et Amar Tou ont été placés, hier, sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction près la Cour suprême. La valse des comparutions d'anciens hauts cadres de l'Etat devant le juge d'instruction près la Cour suprême se poursuit à une cadence effrénée. Hier, c'était au tour de l'ancien ministre des Finances de 2007 à 2014, Karim Djoudi, et de son collègue aux Transports de 2005 à 2013, Amar Tou, d'être auditionnés dans le cadre d'enquêtes sur la corruption. Ces deux membres du gouvernement d'Ahmed Ouyahia puis d'Abdelmalek Sellal, eux mêmes en détention préventive à la prison d'El-Harrach depuis quelques jours, ont quitté le siège de l'instance judiciaire suprême à Ben Aknoun libres, mais pas tirés d'affaire. Ils ont été placés sous contrôle judiciaire après avoir répondu, tour à tour, aux questions du juge d'instruction pendant plusieurs heures. Peu d'informations ont filtré sur la teneur des auditions et sur la qualification précise des faits qui leur sont reprochés par la Chambre d'accusation. Il est annoncé vaguement qu'ils sont poursuivis pour dilapidation de deniers publics, abus de fonction et octroi d'indus privilèges à des hommes d'affaires, soit Mahieddine Tahkout et Ali Haddad, dans une première corrélation des faits. Des chefs d'accusation de même nature, aggravés dans certains cas, pèsent sur douze personnalités dont les dossiers des enquêtes préliminaires diligentées par la Gendarmerie nationale ont été transférés par le parquet du tribunal de Sidi M'hamed à la Cour suprême. Compte tenu de leurs fonctions dans les institutions de l'Etat — précisément au titre du pouvoir exécutif au moment des faits pour lesquels ils sont poursuivis —, ils tombent sous le coup des procédures relevant du privilège de juridiction, énoncées dans l'article 573 du Code de procédure pénale. Outre les deux anciens Premiers ministres susmentionnés, le président du MPA, Amara Benyounès, titulaire de plusieurs portefeuilles ministériels entre 1999 et 2015 (Santé, Travaux publics, Aménagement du territoire et de la ville, Industrie et enfin Commerce), est en mandat de dépôt depuis jeudi 13 juin, tandis qu'Abdelghani Zaâlane, ex-ministre des Travaux publics et des Transports, est mis sous contrôle judiciaire. D'autres cadres de l'Etat sont appelés à comparaître dans les prochains jours devant la même juridiction, parmi lesquels Amar Ghoul, ancien ministre des Travaux publics, des Transports puis du Tourisme, Boudjemaâ Talaï, ancien ministre des Transports, Djamel Ould Abbes et Saïd Barkat, anciens ministres de la Solidarité nationale, Abdelkader Bouazghi, ministre de l'Agriculture de juin 2017 à mars 2019, l'ex-wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, l'ex-chef de l'Exécutif de la wilaya d'El-Bayadh, Mohamed Djamel Khanfar, ou encore Abdeslem Bouchouareb, ancien ministre de l'Industrie et des Mines, objet d'un mandat d'arrêt international, selon des sources concordantes.