Résumé : Faïza raconte à Hichem le passage de cette femme voilée qui prétendait être la mère biologique de Sadjia. Hichem est outré. Son épouse prend pour argent comptant quelque chose d'insensé. Pourtant, il y a ce pli trouvé dans le carton. Elle relève la tête et s'essuie les yeux. -Le carton qu'on avait déposé devant la porte de la maison. Rappelle-toi... Nous avons trouvé Sadjia dans cette boîte qui contenait aussi quelques affaires. -Ah ! je m'en rappelle maintenant, mais j'ai totalement oublié cette histoire. -Alors il est grand temps pour toi d'en connaître davantage sur notre fille. Hichem prend l'écrit et le parcourt : "Qui que vous soyez… Je vous confie mon enfant… Je suis dans l'obligation de m'en séparer pour des raisons personnelles et dépassant tout entendement. Cette fillette est légitime. Au nom de Dieu Tout Clément, prenez soin d'elle. Un jour peut-être, lorsque les choses se tasseraient, je reviendrais la récupérer. Dans le cas où vous ne pourriez pas la garder, confiez-la à l'assistance sociale, en ayant soin de remettre cet écrit. Mon cœur saigne, mais la raison me dicte d'avoir recours à ce procédé. Dieu vous récompensera. Une mère éplorée." Hichem relève les yeux vers sa femme. -Cet écrit a plus de 25 ans, Faïza. -Je sais. -Alors, si cette femme revient, ne la reçois pas. On n'a pas idée d'abandonner son bébé nouvellement né et revenir un quart de siècle plus tard demander après lui. -C'est ce que je me disais. Mais il y a aussi une preuve irréfutable que cette femme soit la mère de Sadjia. -Une preuve ? -Oui. Faïza déglutit. -On peut falsifier un papier, changer un nom, détourner de l'argent, mais on ne peut rien faire quand c'est la nature qui s'impose. -Que veux-tu dire par là, Faïza ? Elle soupire et le toise. -Je veux dire que cette femme est le portrait craché de Sadjia. Elle est brune comme elle, elle a de grands yeux noirs, une bouche belle comme un cœur, et un air de famille qui ne trompe pas. Hichem demeure bouche bée, puis passe la main sur son visage. -Voyons, Faïza, tu te fais des idées. -Je t'assure que non. D'ailleurs, tu pourras le vérifier par toi-même. -Hein ? Comment cela ? -Cette femme va sûrement repasser. Si elle ne fait pas sa tournée quotidienne, elle viendra frapper à notre porte. Tu ne pourras pas la louper. -Si je m'amusais à regarder toutes les femmes qui rôdent dans le quartier, je n'en finirais pas. -Tu ne risques pas de te tromper sur celle-là. Elle porte un long voile noir, et quoi que l'on dise, quoi que l'on pense, elle a beaucoup d'allure. Je suis certaine qu'elle avait dû être aussi belle que Sadjia à son âge. Hichem garde le silence un moment, puis réplique : -Quoi que tu en penses, cela ne veut pas dire que cette femme est réellement la mère de Sadjia. -J'aimerais pouvoir être aussi optimiste que toi. Mais mon cœur me dit que cette femme est la génitrice de notre fille. Mon intuition me trompe rarement, Hichem.
(À SUIVRE) Y. H. [email protected] Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.