Le tribunal de Bir Mourad Raïs a condamné, hier, Ali Haddad, à six mois de prison ferme assortis d'une amende de 50 000 DA, dans l'affaire des deux passeports. Accusé "de faux et usage de faux", le patron de l'ETRHB a déjà purgé plus de deux mois de prison à El-Harrach. Hassan Boualem, directeur des documents et titres sécurisés au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, accusé aussi dans la même affaire, a écopé, quant à lui, de deux mois de prison avec sursis. Pour les avocats du patron de l'ETRHB, la sentence est lourde, d'où leur décision de faire appel. Le juge a décidé également de confisquer les deux passeports d'Ali Haddad, ainsi que la somme en devises — 4 500 euros et 100 dollars — retrouvée sur lui le jour de son arrestation au poste frontalier d'Oum Tboul dans la wilaya d'El-Tarf, dans la nuit du 30 au 31 mars. Il faut rappeler que le procureur près le tribunal de Bir Mourad Raïs avait requis une peine d'emprisonnement de 18 mois assortis d'une amende de 100 000 DA contre les deux accusés. Lors de l'audience tenue le 6 du mois en cours, Ali Haddad a affirmé que "c'est en raison d'un voyage officiel aux USA qu'il a demandé un second passeport" qu'il a obtenu "grâce au ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui". Pour sa part, Hassan Boualem a révélé que 18 000 Algériens ont deux passeports et que la décision de délivrer un deuxième passeport à Ali Haddad a été prise après une instruction signée par l'ancien secrétaire général du ministère de l'Intérieur, Hocine Mazouz, en l'occurrence. Les avocats de Hassan Boualem se sont interrogés, devant le juge, sur le fait que l'exécutant — leur mandant — "d'une décision de sa hiérarchie se trouve accusé, mais pas les signataires de cette même directive". Les avocats des deux accusés avaient réclamé la convocation de Noureddine Bedoui et d'Abdelmalek Sellal dans le cadre de cette affaire. En vain. Les avocats d'Ali Haddad ont également révélé, lors de la même audience, que leur mandant n'avait pas d'interdiction de sortie du territoire national (ISTN) le 30 mars, mais qu'elle a été établie le 1er avril, soit 48 heures après son arrestation. Pour eux, les autorités ont décidé d'arrêter l'ex-président du FCE "afin de gagner le temps nécessaire pour lui préparer un dossier". En effet, et parallèlement à cette affaire, le patron de l'ETRHB est sous mandat de dépôt dans une affaire de corruption traitée par le tribunal de Sidi M'hamed. Plusieurs ministres et autres hauts cadres de l'Etat ont été convoqués par la justice pour répondre de leur implication dans cette même affaire. Trois d'entre eux sont sous mandat de dépôt, à savoir Ouyahia, Sellal et Benyounès, tandis que d'autres ont été mis sous contrôle judiciaire par le juge instructeur de la Cour suprême.