Un énorme dispositif de sécurité a été déployé dans les différents axes menant vers la capitale et au centre-ville d'Alger. De nombreuses arrestations ont été opérées, notamment durant la matinée. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté hier dans les rues d'Alger malgré un dispositif de sécurité musclé. Comme chaque vendredi, les manifestants ont donné libre cours à leurs gosiers pour scander de nouveau leur rejet du système, mais également pour répliquer au chef d'état-major de l'anp, le général Ahmed Gaïd Salah, qui a rappelé mercredi dernier, dans un discours à Cherchell, qu'il exclut toute forme de transition politique. "El Djeïch dyalna ou al Gaïd maâ al khawana" (l'armée est la nôtre, mais Gaïd se range du côté des traîtres), "Ya men aâch, al Gaïd fi El-Harrach" ou "Semeur de la fitna !" ou encore "Gaïd dégage, Gaïd dégage !". Ce sont là des réactions à l'ordre donné de chasser le drapeau amazigh, ainsi que de réprimer les manifestations pacifiques. Ses instructions ont été strictement exécutées par l'énorme dispositif de sécurité déployé aux différents axes menant vers la capitale et au centre-ville d'Alger. De nombreuses arrestations ont été opérées, notamment durant la matinée, mais elles n'ont pas empêché la mobilisation. Après 14h, une marée humaine a même pris de court les contingents de la police déployés depuis la matinée, tout au long des grands boulevards et autres places de la capitale. Les policiers, près des longues files des fourgons de la police, notamment à la rue Didouche-Mourad et à l'esplanade de la Grande-Poste, seront, en effet, submergés par la mobilisation. La foule qui devient de plus en plus compacte finira par imposer sa manifestation. La matinée, les policiers ont dépossédé bien des manifestants de l'emblème amazigh et embarqué plusieurs d'entre eux. Vers 15h, l'axe menant de la rue Didouche-Mourad à la Grande-Poste, hautement surveillé par la police, était noir de monde. Des drapeaux aux couleurs jaune, vert et bleu, flanqués du sigle amazigh en rouge, seront déployés. La réponse à Gaïd Salah a été aussi inscrite dans cette banderole faite de 48 drapeaux cousus ensemble. "Voici la réponse du peuple, Gaïd Salah !", ont scandé ses porteurs. La mobilisation populaire constatée hier, et ce, en dépit de la tentative du pouvoir d'empêcher la manifestation, augure d'une manifestation grandiose lors du prochain vendredi qui coïncidera avec la date symbolique du 5 Juillet, jour de l'indépendance de l'Algérie en 1962.