Des députés ont barricadé, hier, les accès à l'Assemblée nationale et empêché l'installation de nouveaux députés, rappelant la méthode qui avait servi à Bouchareb lui-même d'évincer son prédécesseur et de prendre les rênes de la Chambre basse. La contestation dont fait l'objet l'actuel président de l'APN, Mouad Bouchareb, est montée d'un cran depuis dimanche, avec le tir groupé engagé contre lui par les vice-présidents de l'APN et les différents groupes parlementaires, y compris de son propre parti le FLN, qui demandent son départ immédiat. Elle a atteint son paroxysme par la menace brandie par nombre de contestataires de boycotter la clôture de la session parlementaire prévue aujourd'hui. Mais Mouad Bouchareb, qui s'accroche à son poste, ne semble pas faire cas de ses détracteurs, en se montrant décidé à procéder à la clôture de la session de l'APN dans les délais, au motif qu'elle ne nécessiterait pas de quorum. Il résiste bien, mais sans doute pas pour longtemps. Hier encore, la crise qui secoue l'APN a pris une autre tournure, lorsque l'Assemblée populaire nationale (APN) n'a pu tenir la session plénière qui était destinée à l'adoption de la validation de la qualité de membre des nouveaux députés en remplacement de ceux ayant démissionné, en raison de son boycott par la majorité des députés. La réunion nécessitait la présence des trois quarts du nombre total de députés, mais ce quorum n'a pas été atteint après le boycott de la majorité des représentants des diverses formations politiques. Résultat : l'Assemblée populaire nationale (APN) était plongée dans une ambiance électrique, en raison du bras de fer engagé entre les partisans et les adversaires du président de l'APN. Le groupe des soutiens à Bouchareb, composé, dit-on, de quelque 80 députés issus de différents groupes parlementaires, principalement du FLN, ont lu un communiqué dénonçant un "groupuscule suspect" agissant à l'instigation du SG du FLN, Mohamed Djemaï, qui réclame la démission du président de l'APN. Ils ont, en outre, annoncé leur refus de recourir au retrait de confiance à Bouchareb pour l'obliger à partir, en invoquant les impératifs de la stabilité de l'institution législative. Cela, d'une part. Mais, d'autre part, les contestataires, qui veulent, coûte que coûte, obtenir le départ de l'actuel président de l'APN, semblent décidés à paralyser la Chambre basse du Parlement en usant de la manière forte. Ils ont, pour cela, barricadé les portes d'accès pour empêcher l'installation de nouveaux députés, rappelant les méthodes similaires (cadenas, chaînes) qui ont servi à Bouchareb, lui-même, pour prendre les rênes de la Chambre basse. Cela intervient au lendemain de la sortie des six groupes parlementaires, y compris du Fln, des vice-présidents de l'APN, demandant à Bouchareb de démissionner "immédiatement" et l'annulation de toutes les décisions de la dernière réunion du bureau. Même si la vice-présidente de l'Assemblée populaire nationale, Houda Talha, a publié une déclaration dans laquelle elle a nié sa présence à la réunion des vice-présidents. Aussi, devant cette situation où Bouchareb s'accroche à son poste, les discussions allaient bon train entre des parlementaires des différents groupes qui veulent le faire partir, à propos d'un possible report de la clôture de la session parlementaire prévue aujourd'hui 2 juillet, en raison du chaos qui y règne. Le bureau de l'Assemblée nationale, qui a feint d'ignorer, jusque-là, cette contestation, semble décidé à emboîter le pas au Sénat, pour la tenue de la session de clôture dans les délais, soit aujourd'hui même, au motif qu'elle ne nécessiterait pas de quorum.