Au cœur du conflit, le président de l'APN, Mouad Bouchareb, contesté au sein de son parti et dont le nom fait partie des «B» à qui le Hirak demande de partir. Les députés partent aujourd'hui en congé. La session ordinaire du Parlement prend fin et le travail législatif reprendra le 02 septembre prochain. Mais, la séance de clôture de ce lundi risque de ne pas avoir lieu à cause de la situation de blocage qui plane sur l'Assemblée. Déjà qu'hier, l'hémicycle a vécu une journée très mouvementée, lorsque des députés du FLN et d'autres issus de partis d'opposition, ont empêché la tenue de la séance plénière consacrée à la validation de la qualité de membre des nouveaux députés. Au cœur du conflit, le président de l'APN, Mouad Bouchareb, contesté au sein de son parti et dont le nom fait partie des ‘'B'' à qui le Hirak demande de partir. La veille, des vice-présidents et membres du bureau de l'APN ont annoncé «le retrait de confiance» à Bouchareb et l'ont appelé «à démissionner immédiatement de la présidence de l'Assemblée en vue de préserver la stabilité de l'institution législative et le pays». Parallèlement, les présidents des groupes parlementaires FLN, RND, MPA, TAJ en plus d'El Adala-Nahda-El Bina et les indépendants, l'ont appelé à démissionner «immédiatement» de son poste après les développements survenus à l'Assemblée qui «ont créé un blocage au sein de l'APN ayant impacté négativement le bon fonctionnement de l'institution législative, sa stabilité et l'exercice de ses missions». Une requête formulée «à l'ombre de la conjoncture que connaît le pays et en réponse aux revendications du mouvement populaire», ont-ils indiqué dans un communiqué. Bouchareb au centre du blocage Mais, le président de l'APN, refusant de céder, n'a pas tardé à répliquer. «Au vu des contrevérités contenues dans un document faisant mention d'informations sur une prétendue réunion du Bureau de l'Assemblée, en ce dimanche 30 juin 2019, il convient de rappeler que le Bureau de l'Assemblée, dont les réunions sont convoquées et présidées par le président de l'APN conformément aux articles 18 et 09 du règlement intérieur de l'APN, n'a pas été convoqué en ce jour», a écrit un communiqué du Bureau de l'APN, rappelant qu'il tient ses réunions et prend ses décisions en présence de la majorité de ses membres. Bouchareb, voulant marquer son territoire, précisera qu'«aucune réunion du Bureau de l'Assemblée ne saurait se tenir avec seulement cinq membre et en l'absence du président, la voix du président étant prépondérante, sachant que le bureau comprend neuf membres en plus du Président». Ce qui a aggravé la situation de blocage, c'est la sortie d'un groupe de 80 députés FLN, soutenant Mouad Bouchareb et réclamant «le départ du secrétaire général Mohamed Djemai». «Bouchareb n'est pas un corrompu, c'est un militant sincère qui n'a jamais dirigé par le passé», a défendu Mustapha Boualleg, vice-président, rappelant que c'était Djemai qui avait pris la parole lors de l'investiture de Bouchareb en remplacement de Bouhadja, le déclarant «candidat à l'unanimité». «Le peuple demande le départ du FLN d'abord, et Mouad Bouchareb ne démissionnera que lorsque tous les ‘'B'' seront partis et lorsque Mohamed Djemai se retire du poste de SG», a lancé Boualleg. Fonctionner ou …disparaître ! C'est dire combien la situation est complexe pour espérer une clôture apaisée aujourd'hui. Dans une déclaration au micro de la chaîne Dzair, Lakhdar Benkhellaf du groupe Adala-Nahda-Bina, a assuré que la séance «n'aura pas lieu». «Demain (aujourd'hui, Ndlr), il y aura la présence du gouvernement de Bedoui, un exécutif illégitime rejeté par le peuple. Participer à cette séance c'est trahir le peuple, la nation et le Hirak», a-t-il estimé, ajoutant : «Nous userons de tous les moyens légaux pour empêcher la tenue de cette séance». Avec le gel des activités par le groupe parlementaire du FLN, la démission des députés du PT et d'une partie de ceux du FFS divisé en interne, le boycott du MSP, l'on imagine mal comment l'institution législative va continuer à fonctionner. Il est vrai que dans son communiqué, le bureau de l'APN a affirmé la «pleine disponibilité» de l'Assemblée «à examiner tout projet de loi dont elle sera destinataire durant la période de clôture et veillera, exceptionnellement, à son inscription à l'ordre du jour de ses travaux». Mais, force est de constater qu'au vu de la cacophonie qui y règne, elle ne pourra rien faire. Devant cette situation, ne faudrait-il pas penser sérieusement à dissoudre le Parlement en cette période de crise ? La question est plus que d'actualité.