La canicule qui a sévi ces derniers jours en Kabylie, comme partout ailleurs en Algérie, a non seulement contraint les gens à se cloîtrer chez eux, mais a été, de surcroît, à l'origine d'une perte inestimable de volailles, notamment la poule pondeuse. En effet, à Zekri, une contrée pourtant fortement boisée et d'un climat clément, un volailler nous a confié qu'il a perdu une cinquantaine de poules durant deux jours. Et pour faire face à cette situation, il a dû faire couvrir le toit de son hangar de foin qu'il arrosait sans cesse en vue de faire baisser la température. Mais, nous a-t-il avoué, même si cette astuce s'est avérée fructueuse, elle bute, cependant, sur le problème des feux. Les poulaillers sont, en effet, exposés aux incendies, d'autant qu'ils sont implantés dans des endroits broussailleux. Et si, par malheur, un feu venait à éclater, c'est tout un investissement qui partirait en fumée. Mais cet éleveur, qui n'est pas du tout aboulique, passait dans son poulailler plus de douze heures par jour à contrôler la fraîcheur et la qualité d'eau ainsi que la température. “Je passais plus de douze heures par jour dans mon poulailler durant le temps qu'a duré la canicule à surveiller tout : les becs d'eau s'ils ne sont pas bouchés, la température... Il faut savoir que les poules pondeuses sont très fragiles pendant le premier mois de production. Outre qu'elles sont stressées, le moindre changement de température peut causer la mort de plusieurs d'entre elles”, nous fera part un autre éleveur. À Tachroufte, un autre éleveur de poulets de chair, très au fait de l'élevage de volaille pour avoir exercé dans ce domaine une dizaine d'années, nous dira qu'il a perdu plus de deux cent soixante-dix unités : “En quatre jours, j'ai perdu plus de deux cent soixante-dix volailles, soit une moyenne de près de soixante-dix par jour.” Et pour contrecarrer cette calamité, ce dernier s'est vu obligé d'arroser le parterre de son hangar. Si à Yakouren, aucune perte notable n'a été signalée grâce, notamment, au magnifique microclimat de cette région, à Fréha, la commune la plus tourmentée par la chaleur, on nous a signalé que durant ces dernières journées, plus de deux mille poules pondeuses ont péri. Les volaillers, notamment ceux qui ont subi des pertes sèches, se demandent si les autorités les indemniseraient. “Nous sommes très inquiets quant à l'avenir de notre métier, l'élevage de volaille. À nous seuls, nous ne pourrons pas remonter la pente. Nous demandons aux autorités de nous venir en aide pour nous permettre de continuer à travailler dans ce domaine”, s'est interrogé un éleveur. Ainsi, l'élevage de volaille à Azazga est frappé de plein fouet. Après les intempéries de l'hiver passé qui a été à l'origine de l'effondrement de plusieurs abris et la perte de milliers de poulets de chair et de poules pondeuses, la canicule est venue ajouter son lot de perte et d'angoisse pour les volaillers. Certains d'entres eux ont d'ores et déjà installé des climatiseurs pour éviter d'autres désagréments et d'autres pertes. Les poulaillers sont aussi la “cible” d'un autre prédateur : la belette. Ce petit animal carnivore, qui s'incruste à travers les trous restés béants, trucide en un laps de temps des centaines de volailles. Il est à signaler que durant cette canicule, des incendies ont éclaté à travers toute la région d'Azazga et d'Azeffoun où un feu de forêt a ravagé deux maisons à Ighil Lakhmis, sans toutefois causer la perte de vie humaine. Djamel Oukali