Plusieurs centaines d'incendies se sont déclarés dans les différentes régions du pays durant le mois de juillet suite aux fortes températures enregistrées ces derniers jours. La canicule a ainsi ravagé des milliers d'hectares de champs agricoles de céréal La canicule qui sévit ces derniers jours a vu augmenter le nombre d'incendies qui se déclarent notamment entre 14h et 18h. La circonscription d'Azazga, c'est-à-dire la Kabylie est, reste la plus touchée par les incendies en raison de la densité de son patrimoine sylvestre. Même si l'intervention diligente des sapeurs-pompiers et de ceux de la conservation des forêts permet souvent de maîtriser les feux, il n'en demeure pas moins que le manque de pistes reste le problème majeur sur lequel butent les soldats du feu. Tizi Ouzou, fin juillet. Il est à peine 7 h, et l'on suffoque déjà. Accentuée par un nuage de fumée, une chaleur inhabituelle se répand sur la région. Difficile de respirer. Les malades chroniques en pâtissent. Les foyers d'incendies éclatés dans différentes localités de la wilaya sont à l'origine de cette atmosphère lourde. «Nous avons vécu des moments particulièrement insupportables ces derniers jours à cause des feux de forêts. C'est une véritable fournaise », affirme un habitant de Tizi-ville. Yakouren, à une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya. Trois villages ont frôlé la catastrophe il y a quelques jours. N'était l'intervention des sapeurs-pompiers et des forestiers, les dégâts auraient été considérables. Après plus d'une semaine, les villageois de Tamliht, Tizi Tghidat et Begoub parlent toujours de l'incendie qui a failli réduire en cendre leurs villages. Il faut reconnaître que l'incendie était tel que les stigmates sont visibles de loin. Désolation ! Il ne subsiste de la forêt luxuriante que des chicots, debout, fantomatiques dont certains fument encore. Ravageuses, les flammes ont tout dévasté. Plusieurs hectares de chêne-liège, d'oliviers, de bruyère et de genêt sont partis en fumée. Une perte inestimable. Les riverains, encore sous le choc, affirment avoir eu une peur bleue ce jour-là. Une rage à peine contenue. Difficile, en effet, de se remettre après avoir perdu une sylve que d'aucuns qualifient, à juste titre, de poumons. Rencontré près de sa maison à nettoyer deux oliviers sauvés in extremis par son fils intrépide, Saïd raconte qu'à Begoub, les citoyens ont eu la peur de leur vie. Cet éleveur souligne que « par moments, les flammes ont atteint dix mètres de hauteur. En plus il fallait en un temps record déplacer les personnes âgées ». Le villageois sait gré pour les soldats du feu qui n'ont lésiné sur aucun moyen pour éteindre le feu et secourir la population en détresse. Il est à souligner que la majorité des villages de Yakouren sont situés soit à l'intérieur soit à la lisière des denses forêts. Ainsi, ils sont perpétuellement exposés aux risques. Même spectacle à Tamliht et Tizi Tghidat. Faute de postes d'emploi, dans cette petite mechta qui longe la route nationale, les jeunes n'ont de loisir que le jeu de dominos. Au moindre mot, ils rient. Ils semblent gais. D'apparence seulement, puisqu'au fond ils couvent une peur indescriptible. Depuis le dernier incendie, ils disent ne dormir que d'un œil. Sait-on jamais ! Par ces temps de canicule, la moindre inadvertance peut s'avérer fatale. C'est pourquoi la vigilance doit être de mise. « Nous veillons jusqu'à une heure tardive à surveiller les alentours, et au cas d'incendie, nous alertons les services concernés», indique-t-on. LES FORESTIERS ET LES SAPEURS-POMPIERS SUR LE TERRAIN De son côté, la conservation des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou a un travail gigantesque. Ainsi, en collaboration avec la Protection civile, celle-ci organise, dans le cadre de la lutte contre les incendies, des cours de sensibilisation au profit de la population. Cela a abouti à des sorties sur le terrain, notamment dans les zones à risques, à savoir les localités de Yakouren, Bouzeguene et Zekri. Cheriat Chabane, conservateur des forêts, souligne qu'a chaque fois que le besoin se fait sentir, les services de l'institution dont il a la charge organisent des débats sur les mesures à prendre dans les premiers moments qui suivent l'éclatement d'incendie. Cette année, la conservation en question a innové en la matière, puisqu'elle a mis en place près de cinq mille prospectus dans lesquels sont consignées les dispositions nécessaires qui permettent l'extinction des feux. Toujours dans le cadre de sensibilisation et d'information, la même institution a réalisé des émissions télévisées et radiophoniques où il a été expliqué qu'une forêt de perdue est un investissement de plus au détriment d'autres. La campagne de sensibilisation a vu la participation massive de la population. Cette prise de conscience collective a permis le débroussaillement et l'assainissement dans plusieurs localités de la haute Kabylie. Pour ce qui est des incendies enregistrés depuis le début de l'été, le même responsable affirme qu'hormis deux à trois cas, dont la cause est l'imprudence, l'origine des feux de forêts demeure inconnue. Dans ce cadre, le conservateur des forêts précise que « le travail de nos équipes consiste d'abord à éteindre les feux et venir en aide aux populations, et par la suite faire des enquêtes afin de déterminer les causes à l'origine des incendies». 109 INTERVENTIONS EFFECTUÉES Dans le cadre de la lutte contre les feux de forêts, les agents forestiers ont effectué 109 interventions à l'issue desquelles 78 feux ont été qualifiés d'incendies, alors que les 31 restants ont été rapidement maîtrisés et n'ont pas, par conséquent, été déclarés tels. Selon notre interlocuteur, les feux de forêts tourbillonnant, qui touchent notamment les dépressions, sont les plus meurtriers, puisqu'ils calcinent tout. Les feux qui éclatent dans les endroits abrupts sont moins ravageurs, et les flammes «lèchent» lestement le bois. Ainsi, la reprise est assurée dès les premières pluies. Et comme la quasi-totalité des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou sont situées à flans de montagne, le patrimoine forestier se régénère dès les premières ondées automnales. Par ailleurs, jusqu'à dimanche dernier, les 71 foyers d'incendies enregistrés à travers les différentes localités de la wilaya ont ravagé quelque 541 hectares. En forêts, les 17 incendies ont dévasté 115 hectares, alors que 125 hectares de maquis, 1634 hectares de broussailles et 137 hectares d'arbres fruitiers, notamment des oliviers et des figuiers sont partis en fumée. Par ailleurs, plus de 200 hectares sont léchés par les flammes, mais sans grande gravité. La canicule qui sévit ces derniers jours a vu augmenter le nombre d'incendies qui se déclarent notamment entre 14h et 18h. La circonscription d'Azazga, c'est-à-dire la Kabylie est, reste la plus touchée par les incendies en raison de la densité de son patrimoine sylvestre. Même si l'intervention diligente des sapeurs-pompiers et de ceux de la conservation des forêts permet souvent de maîtriser les feux, il n'en demeure pas moins que le manque de pistes reste le problème majeur sur lequel butent les soldats du feu. S'y ajoute la topographie de la région qui ne facilite pas l'accessibilité dans certaines zones aux équipes de sapeurs-pompiers. Sur ce point précis, M. Cheriat estime nécessaire l'ouverture de pistes en vue de désenclaver certaines régions et de permettre aux concernés de travailler avec moins de risques possible. Devant cette situation, pour le moins contraignante, les sapeurs-pompiers adoptent le plus souvent des méthodes fort appropriées, et ce, en tenant compte de la direction des vents. Heureusement, nonobstant le nombre élevé d'incendies enregistrés, cette année, aucune perte de biens ni de vies humaines n'a été déplorée. Le conservateur des forêts de la wilaya de Tizi Ouzou n'a pas omis de souligner l'apport considérable des populations qui ont toujours été aux côtés des sapeurs-pompiers. Ce qui a permis à maintes reprises de circonscrire le feu avant que des dégâts surviennent. Néanmoins, le même responsable a appelé les villageois à réapprendre à cultiver leurs terres. Par ailleurs, la conservation des forêts a installé six postes d'observation à travers toute la Kabylie.