Le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) a placé, hier matin, le patron du groupe Mazouz, Ahmed Mazouz, sous mandat de dépôt pour soupçons de corruption et pour avoir bénéficié d'indus avantages dans le cadre d'activités liées à l'usine de montage automobile SKD de la marque chinoise Cherry. Son associé, Farès Sellal, le fils de l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a, lui aussi, été placé en détention provisoire et a été incarcéré à la maison de rétention d'El-Harrach. Les auditions, qui se sont poursuivies toute la journée d'hier, ont concerné des membres de la famille Mazouz, des cadres de plusieurs institutions de l'Etat en qualité de témoins. Selon nos sources, le juge d'instruction a accordé la liberté provisoire à l'ensemble des témoins dans cette affaire. Cela étant dit, l'instruction se poursuivra dans le cadre de l'extension de délits et de l'approfondissement de l'enquête diligentée par le Parquet général dans d'autres affaires qui touchent le groupe Mazouz. Là aussi, le fils de Sellal est également cité, sachant que l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait pesé de tout son poids, alors qu'il occupait cette haute fonction, pour octroyer des autorisations et des dérogations pour lancer d'autres usines dans l'agroalimentaire. En ce sens, le juge d'instruction pourrait, dans les tout prochains jours, prononcer l'extension de compétence géographique dans plusieurs wilayas, comme Sétif et Batna, dans le cadre de l'enquête judiciaire confiée à la Section de recherches de la Gendarmerie nationale (SRGN) de Bab Jdid. Les gendarmes enquêteurs devront passer au peigne fin les biens du groupe Mazouz du temps où les deux ex-Premiers ministres, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, étaient en poste. Ces deux derniers ont comparu, mardi dernier, devant le juge d'instruction près le tribunal de Sidi M'hamed. Déjà cités dans plusieurs affaires et inculpés pour octroi d'indus avantages au titre de l'octroi de marchés publics et de contrats, dilapidation de deniers publics, d'abus de pouvoir et de fonction et de conflit d'intérêts, ces deux hauts responsables, incarcérés par ailleurs à la prison d'El-Harrach, comparaîtront, bientôt, devant le juge d'instruction près la Cour suprême, sachant que les concernés bénéficient de procédures de privilèges de juridiction consacrées par la loi. Egalement entendus, mardi dernier, par le procureur près le tribunal de Sidi M'hamed dans l'affaire du groupe Mazouz, l'ex-ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, et l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi, feront l'objet de la même procédure judiciaire, et comparaîtront, eux aussi, devant le juge d'instruction près la Cour suprême. En revanche, l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, toujours en fuite à l'étranger, ne s'était pas présenté devant le juge d'instruction, mais son dossier sera, tout de même, envoyé à la Cour suprême. Frappé d'interdiction de sortie du territoire national (ISTN) depuis plus de quatre mois, Ahmed Mazouz a été entendu à plusieurs reprises par les gendarmes enquêteurs au même titre que le fils de Sellal, ainsi que les autres prévenus. FARID BELGACEM