Si elle peut se décliner comme une légère concession comparée à la première offre qui s'est achevée en queue de poisson, l'appel lancé mercredi par le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, au dialogue ajoute plus à la confusion qu'il n'apporte de solutions à même de rassurer les citoyens sur une volonté de changement. Seule certitude : le pouvoir demeure chevillé à son objectif "stratégique", celui d'organiser l'élection présidentielle dans un cadre constitutionnel. S'il revient à "l'Etat de lancer dès à présent, pour débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle", le processus de dialogue, Abdelkader Bensalah soutient, en revanche, qu'il "sera conduit et mené en toute liberté et en toute transparence par des personnalités nationales crédibles, indépendantes, sans affiliation partisane et sans ambition électorale". "Des personnalités qui émergent du fait de leur autorité morale ou de leur légitimité historique, politique ou socioprofessionnelle, les rendant éligibles à l'accomplissement de cette noble mission et qui seraient de nature à les aider à conduire et à faciliter ce dialogue", dit-il. Pour Bensalah, dont les propos recoupent par bien des égards ceux du chef d'état-major de l'armée, la mission du panel est de se consacrer exclusivement à débattre des conditions à réunir pour garantir la crédibilité du scrutin et aborder l'ensemble des aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, y compris le déroulement du calendrier électoral, ainsi que les mécanismes de son contrôle et de sa supervision. Outre que l'aspect législatif se fera, sauf imprévu, sous l'empire des institutions en place, comprendre son maintien, celui du gouvernement de Bedoui et des Chambres parlementaires en place, d'où son insistance sur la "préservation de l'Etat" et le "respect des institutions", Abdelkader Bensalah ne fournit aucune précision sur les modalités de désignation de ces personnalités, ni sur les critères de leur sélection, encore moins sur leur nombre. Même si l'idée sous-jacente peut suggérer qu'il appartient au mouvement, aux acteurs politiques, aux syndicats, au mouvement associatif et à la société civile en général de s'entendre sur des "personnalités", il reste que la proposition se heurte aux entraves que ne cesse de déployer le pouvoir pour empêcher l'exercice politique et des libertés, comme l'illustrent les arrestations, la chape de plomb imposée aux médias. En d'autres termes, il ne donne pas des signes d'une volonté de créer les conditions de confiance, principal clou de la crise, pour l'amorce d'un dialogue à travers des mesures d'apaisement. Et si on y ajoute que Bensalah est déjà trahi par son compagnonnage avec l'ex-président dont les promesses de réformes de 2011 sont restées lettre morte, autant dire que la nouvelle offre de dialogue prend les allures d'une nouvelle manœuvre destinée à gagner du temps dans l'espoir de venir à bout du mouvement populaire.