Les avocats ont décidé d'organiser des actions dans le sillage du mouvement populaire et pour défendre les manifestants arrêtés, tout en dénonçant la répression policière. Faute d'avoir obtenu l'autorisation pour son organisation à la maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa, l'assemblée générale extraordinaire (AGE) de l'Union nationale des barreaux d'Algérie (UNBA) s'est finalement tenue, hier, à l'hôtel Royal de la même ville. Quelque 340 avocats des 21 barreaux qui composent l'UNBA ont participé à cette AGE avec deux points inscrits à l'ordre du jour. Le stage de formation des nouveaux avocats (CAPA), pour le côté professionnel, et la position "pratique" de l'union vis-à-vis du mouvement populaire "pour le changement radical de système". Les débats sur ce deuxième point ont suscité des interventions "palpitantes" et des propositions fermes de tous les intervenants pour "accompagner le mouvement dans son combat pour le changement radical de système". Tous les intervenants des différents barreaux ont tenu "à dénoncer et à condamner les arrestations arbitraires des manifestants pour le port du drapeau amazigh". De ce fait, beaucoup de propositions ont été soumises par les intervenants pour mettre en place des moyens pratiques pour concrétiser l'accompagnement du mouvement par leur organisation. "Depuis Socrate, les avocats sont toujours à l'avant-garde des révolutions. Nous assistons aujourd'hui à des bastonnades policières dignes de l'OAS. Notre conscience nous interpelle pour dénoncer et condamner fermement ces brutalités policières", a déclaré en substance Me Chellat, ex-bâtonnier de Tizi Ouzou. Ce dernier n'a pas manqué de proposer de dénoncer "le silence assourdissant du Syndicat national des magistrats face aux arrestations arbitraires des manifestants" et "la justice du talkie-walkie qui a remplacé celle du téléphone". Un autre intervenant rappelle que "demain (aujourd'hui, ndlr) des manifestants placés sous mandat de dépôt pour le port du drapeau amazigh seront présentés devant la chambre d'accusation". D'où l'appel de cet avocat à "la constitution de collectifs d'avocats pour assurer leur défense". Abondant dans le même sens, Me Hamouche du barreau de Béjaïa propose "d'intégrer des bâtonniers dans ces collectifs de défense des manifestants", "une grève illimitée" et "une marche nationale des avocats à Alger". Au lieu de cette proposition d'une marche nationale à Alger, d'autres avocats préfèrent trois marches synchronisées des avocats, au Centre, à l'Ouest et à l'Est, et une grève générale pour ce jeudi. Pour rester toujours dans sa déclaration aux côtés du mouvement, certains intervenants suggèrent d'exprimer par le biais de leur organisation "son rejet de la nouvelle offre de Bensalah pour un dialogue inclusif" et d'"exiger son départ et celui du gouvernement". Tous les intervenants ont, à l'unanimité, dénoncé et condamné "les atteintes aux libertés individuelles et collectives" et "les arrestations arbitraires des manifestants". Ce sont là les principales propositions qui reviennent dans la majorité des interventions lors de cette AGE de l'UNBA à Béjaïa.