Il était 10h30, lorsque les avocats, revêtus de leurs robes noires, ont quitté le hall de la cour en scandant "Imazighen, Imazighen" pour organiser un rassemblement devant cet édifice. Certains étaient drapés dans l'emblème amazigh. "Oui à un Etat civil, non à un Etat militaire", "Libérez les détenus, libérez la justice", "Gaïd Salah dégage", sont, entre autres slogans scandés par les avocats manifestants. Dans son intervention, le bâtonnier de Béjaïa, Salim Khatri, déclare : "Nous sommes ici pour la libération des manifestants arbitrairement incarcérés pour port de l'emblème amazigh. Ils sont accusés d'atteinte à l'unité nationale", ajoutant : "Il n'y a aucune disposition pénale qui interdit le port d'un fanion autre que le drapeau national. Le drapeau amazigh unit tous les peuples de l'Afrique du Nord depuis notre glorieuse Révolution de 1954." Pour l'intervenant, il s'agit d'une énième manœuvre du pouvoir pour casser le formidable mouvement populaire "pour le départ du système. Le port de l'emblème amazigh est une revendication identitaire reconnue par la loi fondamentale de notre pays. Une revendication qui ne constitue nullement une atteinte à l'unité nationale". Dans la foulée, M. Khatri annonce à ses confrères qu'un registre est ouvert au bureau du bâtonnier pour la constitution d'un collectif d'avocats afin d'assurer la défense des détenus. "Il faut être nombreux à leur procès pour assurer leur défense", déclare l'orateur. Par la même occasion, ce dernier réitère l'engagement indéfectible des avocats aux côtés du peuple algérien dans son combat "pour le départ du système" et que "personne ne pourra le diviser dans son union pour une démocratie majeure et une Algérie libre, indépendante et plurielle". Le bâtonnier de Béjaïa a également annoncé que l'Orab déposera une plainte contre Naïma Salhi "pour des propos racistes et atteinte à l'unité nationale". "La plainte sera déposée ici au tribunal de Béjaïa. Il est territorialement compétent pour recevoir notre plainte", a soutenu M. Khatri. Par ailleurs, le bâtonnat de Béjaïa a fait savoir que "l'université Abderrahmane-Mira leur a refusé l'auditorium pour la tenue de l'AG des barreaux d'Algérie, le 6 juillet prochain". "Le rectorat a refusé de mettre à notre disposition l'auditorium au motif qu'il a reçu des instructions d'en haut. Et dire que nous avons signé une convention avec l'université", révèle-t-il avant d'ajouter que "l'AG des barreaux d'Algérie aura lieu, le 6 juillet prochain même si elle doit se tenir sur l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche. La rue nous appartient !" Il y a lieu de signaler que ce rassemblement des avocats est appuyé par une grève générale de ces derniers dans les cinq tribunaux relevant de la cour de Béjaïa. Par conséquent, tous les procès ont été reportés par les juges pour "faute de présence de la défense des prévenus".