Les sanctions américaines contre Téhéran, fortement dénoncées par les autres grandes puissances, sont à l'origine de la montée des tensions avec l'Iran. L'Iran a franchi hier un nouveau pas dans le processus de sortie de l'Accord sur le nucléaire que Téhéran a conclu avec les grandes puissances en 2015 et qui est devenu aujourd'hui caduc, en raison du retrait unilatéral des Etats-Unis, sur décision du président américain Donald Trump. "Aujourd'hui, nous avons franchi le taux de l'enrichissement de 3,67% et nos besoins seront la base de la pureté de notre uranium enrichi", a déclaré hier le porte-parole du gouvernement, Ali Rabï, lors d'une conférence de presse conjointe, aux côtés du vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, et Behrouz Kamalwandi, porte-parole de l'Organisation nationale de l'énergie atomique (OIEA), a rapporté l'agence de presse iranienne IRNA. "Sur ordre reçu du président Hassan Rohani, la deuxième phase du plan de réduction des engagements de l'Iran a commencé aujourd'hui (hier, ndlr)", a déclaré pour sa part à la presse Behrouz Kamalvandi, a rapporté encore IRNA. "Dans quelques heures, le temps de régler quelques détails techniques, l'Iran reprendra l'enrichissement de l'uranium au-dessus de 3,67%", a insisté M. Kamalvandi. "Nous espérons que nous pourrons trouver une solution, sinon dans 60 jours, nous entamerons la troisième étape du plan de réduction des engagements pris par l'Iran", a déclaré, pour sa part, le vice-ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, cité par l'agence Irna. La décision d'enrichir l'uranium à un niveau de pureté supérieur à 3,67%, la limite imposée par l'Accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en juillet 2015, avait été annoncée mercredi dernier par le président Rohani. Le 8 mai, l'Iran avait annoncé qu'il mettait fin à ses obligations en vertu de l'accord nucléaire, exhortant les signataires de l'accord nucléaire (Chine, Union européenne, France, Allemagne, Russie et Royaume-Uni) à protéger Téhéran des sanctions unilatérales prises par Washington. Réagissant à cette annonce, l'allié russe de l'Iran a demandé à Téhéran de s'abstenir de "tout acte susceptible de compliquer la situation avec l'accord sur le nucléaire", tout en exprimant sa compréhension quant à la raison ayant amené l'Iran à s'affranchir de sa limite d'enrichissement d'uranium. "Nous comprenons les mesures décidées par Téhéran et les raisons qui ont poussé les dirigeants iraniens à les prendre. Mais nous appelons les autorités iraniennes à s'abstenir de toute action susceptible de compliquer encore plus la situation concernant l'accord nucléaire", a déclaré à l'agence Sputnik le représentant permanent de la Russie auprès des organisations internationales à Vienne, Mikhaïl Oulianov. Londres a demandé aussi à l'Iran à "immédiatement arrêter cet enrichissement de l'uranium", tandis que l'ennemi juré de Téhéran dans la région, Israël, parle de "développement très dangereux", dans un contexte marqué par un acharnement des Etats-Unis contre l'Iran, en guerre d'influence avec les alliés américains du Golfe (Arabie Saoudite et Emirats arabes unis). Il faut s'attendre à d'autres réactions dans les jours à venir et à d'éventuelles nouvelles sanctions américaines contre l'Iran.