La chape de plomb qui pèse sur beaucoup de médias commence à faire des victimes. Redouane Boussag, présentateur d'une émission politique sur la chaîne de télévision Numidia TV, a été licencié par la direction de la chaîne qui appartient à l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout. Il est accusé d'avoir enfreint "la ligne éditoriale" du média. Pour licencier le journaliste-présentateur, la direction de la chaîne a trouvé un stratagème : elle a expliqué, dans un courrier adressé au concerné qu'après trois mois de travail, "l'essai" n'était "pas concluant". Pourtant, le concerné affirme avoir signé un contrat d'un an comme "tout le monde" au sein de l'entreprise. Ayant rejoint Numidia TV depuis trois mois en provenance d'El-Bilad TV, Redouane Boussag animait une émission de débats politiques. Mais avec les menaces qui pèsent sur les médias, la marge des libertés s'est rétrécie. "On a commencé par me dire que c'est cela la ligne éditoriale. Puis, on m'a dit de ne plus poser de questions sur l'avenir de Bensalah, de faire l'éloge de l'armée et, enfin, de ne plus inviter certains opposants et ceux qui parlent de la transition", indique Redouane Boussag, contacté hier par téléphone. "Pour moi, l'essentiel est d'être neutre et de ne pas prendre position. Je ne fais que poser des questions à mes invités", se défend-il. "Moi, je suis journaliste, pas un laudateur ou un comité de soutien", a-t-il ajouté. Du côté de la direction de la chaîne Numidia, on ne nie pas le licenciement de Redouane Boussag pour "essai non concluant". Pour Ahmed Boubrik, directeur de l'information, le présentateur est "compétent", mais il "n'est pas en phase avec la ligne éditoriale de la chaîne". "Nous avons expliqué à tout le monde qu'en cette situation difficile que vit le pays, notre ligne éditoriale est la stricte neutralité. Nous n'imposons à personne de soutenir qui que ce soit. Mais nous refusons qu'on utilise la chaîne pour faire passer des messages avec des allusions, des questions orientées", ajoute le responsable de l'information de la chaîne. Depuis quelques semaines, l'ensemble des chaînes de télévision privées algériennes, sous la contrainte de fermeture, car présentes de manière illégale, ont cessé d'évoquer les manifestations populaires et font la promotion de la feuille de route du pouvoir. Les opposants et ceux qui portent des idées opposées au pouvoir sont quasiment absents des débats qui se font, désormais, à sens unique.