Si la Commission d'enquête pointe de manière formelle la responsabilité de l'armée soudanaise dans le drame survenu à Khartoum, le 3 juin dernier, le bilan dont elle fait part, 87 morts, reste inférieur au chiffre, 127 morts, avancé par des sources médicales proches de la contestation. Une enquête officielle, menée par le Conseil militaire de transition pointe la responsabilité de plusieurs paramilitaires de l'armée soudanaise dans la répression violente d'un sit-in de manifestants en juin dernier à Khartoum. La brutalité des forces paramilitaires qui intervenaient pour disperser les manifestants avait causé la mort de plusieurs dizaines de manifestants soudanais. 127 morts selon des sources médicales, 87 d'après les responsables à la tête de la commission d'enquête. Dans le détail, les conclusions de cette enquête indiquent formellement "l'implication directe des paramilitaires issus des Forces de soutien rapide (RSF)". Selon Farah al-Rahmane Saïd, à la tête cette commission d'enquête, le Conseil militaire avait ordonné aux RSF d'évacuer un secteur appelé "Colombia", situé non loin du sit-in. Mais, a-t-il ajouté, "un général des RSF a ordonné à un colonel de disperser le sit-in : (Ils ont désobéi). Ils ont demandé aux membres des RSF de se rendre jusqu'au sit-in et leur ont donné l'ordre de descendre de leurs véhicules et de chasser les manifestants". Cette répression dans le sang qui avait provoqué l'indignation et l'émoi à travers le monde entier, a ciblé, rappelle-t-on, un sit-in, installé devant le QG de l'armée, devenu depuis le 6 avril, l'épicentre de la contestation. En effet, le 3 juin, des hommes armés, en tenue militaire, ont lancé un raid contre ce campement de la contestation qui réclamait un pouvoir civil, frappant et tirant sur les manifestants. Un véritable carnage s'en était suivi. Manifestants et ONG avaient alors accusé les Forces de soutien rapide. Mais le numéro deux du Conseil militaire au pouvoir, Mohammed Hamdan Daglo, également commandant des RSF, avait, de son côté, nié toute responsabilité de ses forces. "Il est clair pour la commission que le général a ordonné au colonel d'envoyer des forces anti-émeutes des RSF contre le sit-in", a affirmé, formel, Farah al-Rahmane Saïd. Si la commission d'enquête pointe de manière formelle la responsabilité de l'armée soudanaise dans le drame survenu à Khartoum, en juin dernier, le bilan dont elle fait part, 87 morts, reste inférieur au chiffre, 127 morts, avancé par des sources médicales proches de la contestation. L'Association des professionnels soudanais (SPA), un des principaux membres du mouvement de contestation, a rejeté les résultats de l'enquête. "Nous voulions une enquête indépendante. Nous refusons les résultats de l'enquête officielle", a dit Ismaïl al-Taj de SPA. Samedi, en soirée, des manifestants ont brûlé des pneus à Khartoum pour protester surtout contre le bilan donné par la commission d'enquête, ont indiqué des témoins en faisant état de tirs de gaz lacrymogène dans un quartier contre des manifestants. Depuis décembre, la répression a fait 246 morts, y compris les 127 manifestants tués le 3 juin, selon le comité de médecins. Après la destitution d'Al Bachir, la contestation s'est poursuivie pour réclamer un pouvoir civil. Le 17 juillet, après des négociations difficiles, le Conseil militaire et les chefs de la contestation ont conclu un accord crucial sur le partage du pouvoir, prévoyant la formation d'un conseil souverain qui mènera pendant un peu plus de trois ans la transition.