Les contestataires soudanais ont appelé hier à poursuivre le mouvement de désobéissance civile jusqu'à ce que le pouvoir soit remis à un gouvernement civil. En dépit d'un premier jour de désobéissance civile sanglant, marqué par la mort de quatre civils soudanais, l'Association des professionnels soudanais (SPA) demande aux Soudanais de poursuivre le mouvement jusqu'à l'avènement d'un gouvernement civil, alors que les mesures de sécurité ont été renforcées par les militaires à travers le pays. La SPA, qui qualifie de "succès" cette campagne de désobéissance civile, avertit qu'elle sera désormais "illimitée". De son côté, le général Jamal ed-Din Omar, membre du Conseil de transition militaire, a déclaré dans un discours télévisé qu'il a été décidé de "renforcer la présence des forces armées et des autres forces régulières pour un retour à la vie normale". Même son de cloche chez le chef de ces groupes paramilitaires, le général Mohammed Hamdan Daglo dit "Hemeidti", qui est le numéro deux du Conseil militaire de transition, qui a martelé qu'il "ne permettra pas le chaos". Ceci étant, le Comité de médecins proche de la contestation a indiqué que quatre personnes ont été tuées dimanche, deux "par balles" à Khartoum et deux autres "poignardées" à Omdurman, tout en soulignant que ces personnes ont été victimes "du Conseil militaire de transition" et de ses "milices". Réagissant à ces accusations, un membre du Conseil militaire a dénoncé les "pratiques déraisonnables" du mouvement de contestation lui faisant porter "l'entière responsabilité des évènements". Khartoum est devenue ville fantôme avec des transports quasi inopérants, un trafic très faible et l'essentiel des magasins fermés, selon des correspondants de presse, depuis le début du mouvement de désobéissance civile. Banques, pharmacies, restaurants, coiffeurs ou encore magasins de vêtements, la plupart des commerces avaient laissé leur rideau baissé hier. Seules quelques boutiques d'alimentation type supermarchés ou encore boulangeries étaient en partie ouvertes pour permettre aux gens de s'approvisionner. Des barricades ont été érigées dans plusieurs quartiers pour limiter la circulation ou encore empêcher les véhicules des forces de sécurité de se déplacer. À Omdurman, des habitants sont allés acheter des produits de première nécessité dans des épiceries, mais la ville est restée éteinte, tout comme à Al-Obeid ou Madani. La contestation accentue la pression sur les militaires au pouvoir en lançant cette campagne de désobéissance civile, notamment depuis la sanglante dispersion du sit-in de manifestants devant le quartier général de l'état-major de l'armée soudanaise à Khartoum, le 3 juin.