Cette force paramilitaire négocie actuellement un accord politique avec l'opposition. Des éléments des Forces de soutien rapide (RSF), plus connues sous l'appellation de Janjawids, ont torturé et tué un civil dans la ville de Darfour, dans l'ouest du Soudan, où ils ont pris le contrôle d'une partie des camps désertés par les Casques bleus de l'ONU, en prévision de leur départ définitif à partir de 2020. "Mudathir Abdelrahman Hassan est décédé des suites de tortures infligées par des membres des milices Janjawids (RSF)" lundi dans la ville d'Al-Daen, ont déclaré les médecins dans un communiqué publié sur Facebook. Plusieurs personnes ont été blessées dans l'opération menée par les éléments RSF, qui accusent des jeunes de la ville de leur avoir volé des téléphones de leur base. Ce crime n'est pas un acte isolé, mais il fait partie d'une série d'autres meurtres commis par cette force qui s'est rendue coupable de nombreuses exactions lors du conflit du Darfour depuis 2003. Ce conflit a déjà fait, selon un bilan officiel, plus de 300 000 morts. La même force était derrière la mort de dizaines de manifestants depuis le début de la révolution soudanaise en décembre 2018 contre le régime de l'ancien président Omar al-Bachir, évincé du pouvoir en avril dernier. "La poursuite de la barbarie et l'altération du quotidien des civils par les milices Janjawids (RSF), associées au fait que ces milices ne sont tenues par aucune loi ni éthique, prouvent que le Conseil militaire de transition protège ces milices", a dénoncé d'ailleurs le comité de médecins. L'Association des professionnels soudanais (SPA), mouvement important de la contestation, a imputé hier la responsabilité de ces morts aux services de sécurité et au Conseil militaire au pouvoir depuis la destitution en avril de l'ex-président Omar el-Béchir, ont rapporté les médias locaux. "Nous tenons les services de sécurité pour responsables des personnes tuées à Al-Daen et à Al-Souki", a déclaré Ismaïl al-Taj, porte-parole du SPA, lors d'une conférence de presse à Khartoum. "Nous exigeons une enquête indépendante pour identifier les auteurs de ces crimes odieux contre les citoyens", a-t-il poursuivi. La SPA et les citoyens soudanais exigent depuis des semaines la dissolution de cette force paramilitaire, forte de plus de 12 000 hommes, selon certaines informations. Mais le Conseil militaire ne semble pas prêt à monter au front et à agir en conséquence, en dépit de la réelle menace que représentent les RSF sur la réussite du processus de dialogue avec les représentants de l'opposition. Les Janjawids étaient, rappelons-le, derrière la rupture du dialogue le 3 juin dernier, après leur intervention meurtrière pour disperser un sit-in devant le QG de l'armée. Le Conseil militaire avait donné l'ordre d'user de la force pour disperser ce sit-in qui s'est terminé par la mort d'au moins 123 manifestants, selon un bilan de l'opposition. Aujourd'hui, alors que le fragile dialogue amorcé entre l'armée et l'opposition a atteint un stade crucial, l'impunité dont bénéficient les RSF et la poursuite de leurs actions répressives contre les civils risquent de conduire le pays dans une nouvelle impasse. Lyès Menacer