La moitié des habitants de la localité se déclare gênée par les bruits. Dans les cités "résidentielles" de Bordj Bou-Arréridj se côtoient le tôlier, le menuisier, le mécanicien, le soudeur, l'électricien auto, le meunier, l'éleveur de bétail, des ateliers de couture et des aires de stockage. "Il y a des années, on a créé une zone d'activité pour faire sortir les activités nuisibles en dehors de la ville, mais les bénéficiaires ont acheté les terrains à des prix bas et les ont revendus à des prix cent fois plus", dira ami Hacène, un ancien habitant du quartier de la Gare, qui ajoute que les artisans n'ont jamais quitté la ville. "Ils sont là, menuisier, soudeur, tôlier, tourneur… Ils activent dans la ville, dans les quartiers «résidentiels» sans se soucier des problèmes qu'ils causent." En effet, pas une rue, une cité, un garage où une de ces activités nuisibles et dangereuses pour la santé publique trouve commerce. Malgré les plaintes des voisins, le nombre ne cesse d'augmenter. "Chaque jour, il y a de nouveaux garages qui ouvrent ce genre d'activités qui, selon la loi, doivent être soumises à une enquête de voisinage", nous dira un architecte, qui ajoute que faire une sieste n'est pas possible à Bordj Bou-Arréridj à cause des voisins menuisiers, tôliers, mécaniciens, maçons… Cet été, à partir de 18h, la pollution sonore augmente jusqu'à 2h et durant les week-ends jusqu'au petit matin. Ces désagréments, les habitants de plusieurs quartiers et cités de la ville les connaissent très bien. "Les locataires d'un rond-point qui s'est transformé en aire de jeux, à l'entrée ouest de la ville de Bordj Bou-Arréridj, perturbent la quiétude des habitants, des usagers de la route, par les bruits incessants et insupportables, par la forte sonorité de la musique, ainsi que par les occupants qui parlent au téléphone bruyamment ou entre eux, en consommant de tout, même les boissons alcoolisées à l'extérieur. Il suffit de se rendre dans la matinée pour faire le constat de visu", indiquent-ils dans une réclamation adressée aux responsables locaux. En effet, ce rond-point, situé à l'entrée ouest de la ville de Bordj Bou-Arréridj et qui regroupe les chemins qui mènent vers Alger, M'sila et Sétif, est devenu dans la journée, grâce à son jet d'eau, une piscine à ciel ouvert pour les bambins des quartiers déshérités qui viennent se baigner sans se soucier des risques encourus. Le week-end, c'est un lieu de rendez-vous pour les cortèges nuptiaux avec tout son lot de désagréments : baroud, klaxons, bouchons de circulation, cris, rodéo… La nuit, c'est le tour des centaines de personnes qui occupent l'espace. Tout se vend illicitement sans aucune autorisation : fritures, brochettes, glaces, eau, cigarettes, kif, boissons alcoolisées… La consommation se fait sur place et sans aucune gêne ou inquiétude. Les occupants venus en groupe, en famille, seuls ou en couple, prennent possession des lieux sans se soucier des dangers qui les guettent. Ils sont assis, allongés, jouant toutes sortes de jeux au milieu de la chaussée où passent sans cesse des camions, des voitures, des engins agricoles, de travaux publics et motos. "Ils sont là toutes les nuits, et les nuisances sonores ne cessent qu'au petit matin", dira un riverain qui rappelle qu'ils sont là livrés à eux-mêmes. "Les patrouilles de police ou de gendarmerie se font rares au lieu d'être sur place toute la nuit, au moins pour assurer un peu de sécurité et surtout éloigner les buveurs de boissons alcoolisées", ajoute-t-il. Les autorités locales ne font rien pour mettre un terme à ce danger pour les riverains, les occupants et les usagers de ces routes. "Bordj Bou-Arréridj possède plusieurs aires de jeux, dont un grand parc d'attractions et un aquaparc. Pourquoi les autorités n'orientent-elles pas les habitants qui ont détourné cet espace vers ces parcs et aires de jeux ?", se demande un médecin de la ville, qui rappelle qu'une recherche scientifique a confirmé l'existence de liens statistiques entre l'exposition prolongée au bruit et les troubles du sommeil, l'augmentation de la pression artérielle et les états anxieux. "À chaque bruit, notre corps stimule des systèmes de défense. Même si nous avons l'impression de nous adapter et d'oublier la gêne, des changements physiologiques se produisent", précise-t-il. "En attendant une réaction des services concernés, les antidépresseurs, les somnifères et la patience sont à consommer avec modération", conclut-il avec un ton ironique.