La mobilisation en faveur des porteurs de l'emblème amazigh jetés en prison et autres détenus d'opinion se renforce, accentuant ainsi la pression sur le pouvoir en place. Certes, chaque vendredi et mardi et presque dans toutes les villes du pays, les manifestants se font un devoir de ne pas oublier les détenus du hirak et de réclamer haut et fort leur élargissement. Mais d'autres actions de protestation sont venues se greffer à ce formidable mouvement de solidarité. Ainsi, samedi 3 août à Alger, au siège du Mouvement démocratique et social (MDS) plus exactement, une journée de solidarité avec les détenus d'opinion a été organisée par le réseau national de soutien aux détenus d'opinion et à laquelle ont pris part des familles de détenus qui ont tenu à dénoncer le traitement réservé à leurs proches par la justice tout en s'engageant à "maintenir la mobilisation dans la rue et autour des détenus pour leur libération". Les animateurs de ce réseau ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin et ont promis d'organiser, dans les jours à venir, des actions similaires. Et parce que la plupart des personnes arrêtées sont celles ayant arboré l'emblème amazigh, c'est en Kabylie, une région connue pour ses traditions de lutte et sa culture de solidarité, que, logiquement, l'on a enregistré le plus grand nombre d'actions de mobilisation. Hier, à Béjaïa, à la place Saïd-Mekbel, un rassemblement a été organisé pour exiger la libération des détenus d'opinion. Dans la même wilaya, à Ighzer-Amokrane, outre une marche populaire, une grève générale a été observée dans cette ville pour exiger la libération "immédiate et inconditionnelle" des détenus d'opinion, dont deux de ses enfants. Des citoyens de Tizi Ouzou ont, eux aussi, sonné la mobilisation en organisant plusieurs actions réclamant la libération des détenus d'opinion. Jeudi 1er août, et pour la quatrième fois consécutive, des habitants de la ville côtière de Tigzirt ont massivement investi la rue pour réclamer la libération de tous les détenus d'opinion, dont Amar Acherfouche, un jeune originaire de la région arrêté à Alger pour avoir exhibé l'emblème amazigh. La veuve du chantre de l'amazighité Matoub Lounès, Nadia Matoub, a été de la partie et s'est élevée contre "la détention arbitraire des porteurs du drapeau amazigh" tout en les assurant de sa solidarité. À Larbâa Nath Irathen, une marche a été organisée le 23 juillet dernier, à l'initiative du collectif Ath Irathen en marche, pour réclamer la libération des détenus d'opinion et revendiquer l'instauration d'une république démocratique. La wilaya de Bouira n'a pas été en reste de cet élan de solidarité. Des citoyens de la commune de Haïzer ont organisé, le 16 juillet dernier, un rassemblement accompagné d'une marche pour exiger la libération des 48 jeunes, dont 3 sont originaires de cette commune. Le jour même, la ville était totalement paralysée par une grève générale qui a touché presque tous les secteurs. C'est dire que les détenus d'opinion n'ont été aucunement oubliés et ont bénéficié, tout le long de leur détention, d'un remarquable élan de solidarité qui, à n'en point douter, finira par payer.