Les citoyens de la commune de Haïzer (est de Bouira) ont, une nouvelle fois, organisé, hier, un rassemblement accompagné d'une marche, pour exiger la libération des 48 jeunes, dont trois sont originaires de cette commune, accusés d'avoir "porté atteinte à l'unité nationale" pour avoir brandi l'emblème amazigh. Cette nouvelle action de protestation a été décidée dans la soirée d'avant-hier, après une assemblée générale durant laquelle plusieurs autres actions ont été étudiées et explicitées à l'opinion publique locale. Ainsi, c'est vers 9h30 que plusieurs centaines de manifestants se sont regroupés sur la place publique de Haïzer, où une opération "ville morte" a été décrétée, brandissant des pancartes sur lesquelles il était inscrit "Libérez la justice", "Libérez zawali" (libérez le pauvre), ou encore "L'identité n'est pas un crime". "Cette nouvelle action, la 5e depuis l'incarcération de nos jeunes, est un signe de notre détermination à faire libérer tous les détenus d'opinion", affirmera Kaci Bougara, l'un des initiateurs de cette marche. D'autres participants, à l'instar de Meziane Chaâbane, élu RCD à l'APW de Bouira, ont clairement mis en évidence le caractère "injuste et arbitraire" de ces incarcérations. "Nous sommes là pour exiger la libération immédiate de nos enfants et de tous les détenus d'opinion (…) Mettre en prison des jeunes pour avoir porté un drapeau identaire et culturel, nous considérons cela comme une atteinte à nos libertés les plus fondamentales", a-t-il noté. Tout au long de leur procession qui les a menés vers le siège de la daïra, les protestataires ont copieusement critiqué le général de corps d'armée, chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, mais aussi l'institution judiciaire, laquelle, selon les manifestants, a été instrumentalisée à des fins politiques. Selon Aïssous Sofiane, coordinateur du Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ) de Haïzer, "la justice n'est pas encore libre. L'incarcération de nos jeunes en est la preuve évidente". Pour d'autres, la détention "arbitraire" des manifestants, lors des marches des deux derniers vendredis à Alger, signifie que le pouvoir actuel voudrait, selon eux, diviser le pays en jouant sur la fibre régionaliste. Arrivés devant le portail du siège de la daïra où un fort dispositif sécuritaire les attendait, les marcheurs ont improvisé une brève prise de parole, lors de laquelle, le père d'un des détenus a déclaré : "Mon fils n'a absolument rien fait ! Il a porté le drapeau amazigh qui est un symbole de notre identité et de notre culture. Je le dis haut et fort, mon fils est, tout comme tous les autres détenus, victime d'une injustice flagrante." Puis, plusieurs prises de parole ont été organisées, durant lesquelles, ils ont dénoncé la "justice aux ordres du général Ahmed Gaïd Salah". Par ailleurs, la ville de Haïzer était entièrement paralysée par une grève générale en signe de solidarité avec les jeunes détenus. La plupart des commerces, hormis les pharmacies et les boulangeries, avaient baissé rideau.