"La rue a rejeté la commission de dialogue de Karim Younès. Nous voulons un dialogue ouvert, pas de dialogue à sens unique", a affirmé Saïd Salhi de la Laddh. La rencontre de concertation entre les dynamiques de la société civile et les partis politiques de l'alternative démocratique et de la conférence nationale du dialogue du 6 juillet, prévue hier, a été finalement autorisée par la wilaya d'Alger, vendredi en fin d'après-midi. Cependant, les organisateurs de ce conclave ont maintenu la date de sa tenue, le 24 août prochain, signifiant que ce délai supplémentaire sera mis à profit pour élargir le contact à d'autres partis, personnalités et aux collectifs d'étudiants, conformément à la résolution de la conférence nationale de la société civile du 15 juin dernier. Intervenant lors d'une conférence de presse tenue hier au siège de l'Unpef, trois animateurs des dynamiques de la société civile sont longuement revenus sur les objectifs attendus de cette rencontre, à l'image de Lyès Merabet, coordinateur de la CSA, qui a rappelé que "le rôle de celle-ci, qui consiste à rapprocher les deux pôles politiques autour d'une solution consensuelle de sortie de crise du pays, n'est pas né d'aujourd'hui, mais remonte au début du hirak". Et d'enchaîner en affirmant que ce travail de médiation se poursuit en direction des partis de l'opposition, des personnalités et des activistes du mouvement populaire en s'appuyant sur les dénominateurs communs aux différentes initiatives. Pour sa part, le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi, a indiqué que "la responsabilité de la société civile est de traduire la mobilisation populaire en projet politique, d'où l'initiative d'aller vers un consensus national". Cependant, s'agissant d'une éventuelle rencontre avec le panel présidé par Karim Younès, il a affirmé : "Nous croyons au dialogue sérieux, mais notre boussole est le mouvement populaire. Nous aurions souhaité que cette commission soit une occasion pour la résolution de la crise, mais la rue a dit son mot. Elle a rejeté cette commission. Nous voulons un dialogue ouvert, mais pas de dialogue à sens unique." Dans ce contexte, Lyès Merabet a révélé n'avoir pas reçu d'invitation de cette commission, néanmoins, a-t-il ajouté, "la composition de cette commission et les conditions de lancement de ce dialogue et ses objectifs font qu'elle est rejetée". Et de renchérir : "Dans notre conception, il est nécessaire de libérer les détenus du hirak (jeunes, étudiants et blogueurs) depuis le 22 février, qui est l'une des conditions d'apaisement avant le lancement de toute méditation et dialogue sérieux." Aussi, l'animateur de la dynamique de la société civile a expliqué son rejet des appels à la désobéissance civile. "Le peuple ne veut pas aller à la violence ou à la confrontation, comme il l'a fait savoir en sortant en masse dans la rue. Aussi, en tant que société civile, nous faisons tout pour éviter la violence", a-t-il indiqué, arguant qu'"au niveau des syndicats, nous avons encore d'autres moyens que nous n'avons pas encore exploités. Lors de la prochaine rentrée, les syndicats auront un rôle dans le soutien au mouvement populaire pour accélérer la solution".