La Confédération des syndicats algériens estime que, pour le moment, les conditions de dialogue "ne sont pas encore réunies", réclamant notamment le départ du reste des symboles du pouvoir et la libération des détenus d'opinion. La Confédération des syndicats algériens (CSA) a pris la résolution d'opérer une "mutation", en tout cas momentanée, en passant des activités syndicales traditionnelles au rôle de "médiateur politique". C'est ce que nous a affirmé hier Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique et fraîchement élu coordinateur de la CSA. Notre interlocuteur a soutenu, en effet, que "le dialogue politique est l'une des missions qu'il s'est assignées à réaliser au nom de la CSA, mais aussi de la dynamique de la société civile". "On a commencé à assumer ce rôle bien avant cela, étant persuadés que tout le monde est interpellé quant à la situation que vit notre peuple, afin de contribuer à ce que des solutions puissent être mises en place avec beaucoup de gens qui font le même travail", a-t-il expliqué. En faisant état de contact avec des personnalités et des partis politiques, il a fait part de quelques appréhensions sur le sujet. "Personnellement, je ne conçois le fait d'aller vers un dialogue et éventuellement des négociations avec les représentants du pouvoir ou le pouvoir réel, alors que l'opposition, partis politiques, société civile et personnalités, n'arrive pas à discuter ensemble et à se mettre d'accord sur quelque chose à proposer", a-t-il indiqué. Selon lui, le hic dans cette proposition d'un panel de personnalités est que "depuis le déclenchement de cette révolution pacifique qu'on appelle le hirak, tout le monde était d'accord pour qu'il n'y ait pas de représentants pour ce mouvement", aussi, "s'il y a des noms proposés de personnalités pour faire cette médiation et être les déclencheurs d'un dialogue entre les Algériens, cela ne peut pas se faire au nom du hirak. Parce que tout simplement personne n'est autorisé ou habilité à parler en son nom". Cependant, "l'équation est tellement compliquée qu'on est obligé de déclencher ce processus, car tout ce qui vient du pouvoir, quels que soient l'institution ou ceux qui, au nom du pouvoir, proposent des noms, est rejeté et est sujet à critiques", a-t-il considéré. Pour autant, la CSA , dans son dernier communiqué, et la société civile qui s'est réunie, samedi, estiment que les conditions de dialogue ne sont pas encore réunies et posent des préalables : le départ du reste des symboles du pouvoir, la libération des détenus d'opinion et de tous ceux qui ont été interpellés ou qui sont en prison, ainsi que la levée des contraintes et de toutes les pressions exercées sur ce mouvement populaire. "Pour nous, ces mesures d'apaisement sont nécessaires pour rassurer, mais le dialogue, on ne peut y échapper, pourvu qu'il y ait les conditions nécessaires et de l'objectivité", a enchaîné le coordinateur de la CSA. Et de conclure : "La finalité n'est pas seulement d'arriver à l'élection présidentielle, mais à un projet que doit porter ce nouveau président de la République dans lequel se reconnaissent les Algériens par rapport aux réformes qui sont engagées, à des engagements qu'il faudrait mettre en place dans un plan d'action clair avec des échéances et des objectifs." Par ailleurs, le coordinateur de la Confédération des syndicats algériens n'a pas manqué de réagir à l'annonce par la dynamique du Forum civil pour le changement du panel de personnalités proposées pour mener le dialogue politique dans le pays. "Cela m'honore que mon nom soit cité lors de cette conférence et qu'il y ait des personnalités qui pensent que je peux faire partie d'un panel de dialogue, mais aux personnes qui m'ont approché, je n'ai pas donné mon accord. J'ai dit qu'il y a peut-être des gens plus compétents que moi", a-t-il affirmé, à ce propos. A. R.