Les manifestants ont insisté sur les principes, énoncés à Ifri-Ouzellaguen le 20 Août 1956 lors du Congrès de la Soummam, notamment "l'Etat civil" et "la primauté du politique sur le militaire". Ils étaient des dizaines de manifestants à battre le pavé, hier, dans les rues de Béjaïa. Malgré un soleil de plomb, en cette journée de mobilisation et un taux d'humidité des plus élevés, les Béjaouis ont tenu à marcher et à poursuivre la lutte jusqu'à l'avènement de la nouvelle république qu'ils espèrent "démocratique, sociale et laïque". Le gros des manifestants est constitué, encore une fois, d'enseignants et des ATS de l'université de Béjaïa, de militants politiques, de syndicalistes, d'animateurs associatifs et de citoyens. Les protestataires ont entamé leur marche depuis le campus universitaire de Targa Ouzemour en passant par Amriou, le rond-point de la cité CNS, avant de se diriger vers la Place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel pour y tenir un rassemblement, à l'issue duquel ils se sont dispersés dans le calme après avoir observé une minute de silence à la mémoire des martyrs de la Révolution – 63e anniversaire de la tenue du Congrès de la Soummam, oblige – mais aussi des victimes de la répression depuis 1962, année du recouvrement de l'indépendance du pays. Ils se sont donné rendez-vous pour vendredi et mardi prochains. L'important étant de maintenir la mobilisation intacte jusqu'à la rentrée sociale. Les manifestants ont scandé leurs slogans habituels : "Dawla el-kanoun" (Nous voulons instaurer un Etat de droit) ; "Djazaïr houra democratia" (Algérie libre et démocratique). Mais aussi "La hiwar, la chiwar maâ el-issabate" (Pas de dialogue ; ni de concertation avec les bandes maffieuses). Les protestataires ont beaucoup insisté sur les principes énoncés à Ifri Ouzellaguen le 20 Août 1956 lors du Congrès de la Soummam, notamment "l'Etat civil" et "la primauté du politique sur le militaire". Dans sa déclaration, rendue publique hier, le Collectif des enseignants et ATS de l'université de Béjaïa a réaffirmé "ses positions de départ allant dans le sens des revendications légitimes de la révolution en marche que mènent courageusement les Algériennes et les Algériens depuis le 22 février, à savoir : le refus catégorique de l'idée même du hiwar des îssabate". Le Collectif a été catégorique : "Aucun dialogue n'est envisageable avec les serviteurs du système illégitime et rejeté par le peuple." Le collectif exige, par ailleurs, "la libération immédiate et sans condition aucune des détenus d'opinion, arbitrairement incarcérés par les résidus du système en place". Il a en outre dénoncé "l'utilisation, qualifiée ‘d'ignoble', des détenus d'opinion par le pouvoir comme monnaie d'échange, tels des otages, dans ses négociations avec le peuple", tout en ne manquant pas de réitérer son exigence d'une transition démocratique "gérée par des femmes et des hommes intègres, loyaux et honnêtes, de la même trempe que notre grand héros le moudjahid Lakhdar Bouregâa". Le collectif qui a, également, exigé la concrétisation sur le terrain des revendications légitimes du peuple, à savoir "la consécration d'un Etat civil et non militaire, garantissant la réalisation du principe de la primauté du civil sur le militaire", a conclu sa déclaration en appelant de tous ses vœux pour "une transition démocratique et pacifique" ainsi que pour une nouvelle Algérie, "libre, démocratique et plurielle".