Nous sommes actuellement à un moment charnière de notre histoire où des changements profonds sont en voie de réalisation. C'est justement à partir de la commune, ce lieu privilégié où s'exercent en premier le recouvrement et l'application réelle de la souveraineté du peuple que doit commencer tout changement. Que peut être, que peut faire, que peut entreprendre tout pouvoir au sens de domination si son ascendance sur les wilayas venait à lui échapper définitivement ? Un peuple se désigne par un territoire et des citoyens. La première matrice, la première cellule organisationnelle d'où commence tout peuple est son village, sa ville, son quartier qui se rapportent tous, à sa commune espace de départ. C'est justement par ce local principal de départ que commence toute organisation sociale et administrative. Chez nous en Algérie et pour le pouvoir l'individu ne compte pas au titre d'élément actif, engagé, soucieux et constamment en projection d'avenir et en aspiration toujours orientée vers le meilleur. Depuis l'indépendance il a été ignoré et marginalisé en tant que tel. Il a fallu attendre le 22 février 2019, soit 57 longues années d'autoritarisme le plus abject, pour que la poudrière citoyenne éclate au grand jour et fracasse la chape de plomb qui la maintenait étouffée. La carapace derrière laquelle campait le pouvoir dictatorial s'est avérée bien plus fragile qu'une toile d'araignée. Une fragilité extrême mais insoupçonnable alors. Après le coup de pied donné dans la fourmilière du pouvoir hégémonique, une citadelle qui semblait imprenable s'est craquelée de toutes parts. Elle s'est écroulée comme un château de cartes. La révolution du 22 février 2019 est née pour la construction d'une nouvelle indépendance d'un nouveau pays celui pour lequel se sont sacrifiés des centaines de milliers de libératrices et de libérateurs. Une révolution jeune, vivace, tenace et forte s'empare alors de son avenir jusque-là confisqué. Nous sommes actuellement à un moment charnière de notre histoire où des changements profonds sont en voie de réalisation. C'est justement à partir de la commune, ce lieu privilégié où s'exercent en premier le recouvrement et l'application réelle de la souveraineté du peuple que doit commencer tout changement. Géographiquement l'Algérie est organisée en 48 wilayas. Chaque wilaya compte un nombre donné de communes. C'est dans ces 48 wilayas et ces 1 700 communes que le peuple vit et subit son sort. Chaque wilaya, chaque commune sont considérées par les pouvoirs despotiques successifs depuis 1962 comme étant de gigantesques camps de concentration. Le pouvoir décide pour le peuple et surveille le peuple par des dispositifs administratifs et juridiques restrictifs et coercitifs. Le fonctionnement actuel de l'Etat algérien est structuré administrativement selon la pyramide suivante. - La présidence Une tyrannie. Elle se situe au sommet de la pyramide et fonctionne comme un bunker qui n'est accessible que par les seuls personnels tous spécialistes des fondements de la dictature. En parallèle les deux Chambres, le Sénat et l'APN, ne sont, en réalité, que des caisses de résonance qui avalisent toutes les lois scélérates qui assoient confortablement la dictature en obéissant au doigt et à l'œil à la tyrannie. - Le gouvernement Composé de ministres comme simples figurants très disciplinés et qui appliquent à la lettre les orientations et les ordres de la présidence. Le plus souvent ces ordres sont appliqués avec un zèle très personnel, particulièrement le ministre d'une justice conditionnée et drapée dans l'injustice. - Le wali et les chefs de daïra Le wali gouverne en maître absolu en tant que représentant direct et exclusif du président. Sa mission véritable est d'appliquer la politique de la tyrannie. Il dirige le cabinet de wilaya au sein duquel chaque ministère est représenté par une direction correspondante qui ne joue en réalité que le rôle de boîte postale entre elle et sa tutelle. Pour exemple, un simple dossier d'investissement touristique doit être transmis par la direction du tourisme de la wilaya concernée à sa tutelle ministérielle pour son examen. La plupart des dossiers ne sont ni suivis ni traités et encore moins avalisés. Le wali et ses complices les chefs de daïra (le terme même de "chef" est porteur d'une connotation de pouvoir absolu) ne sont que des missionnaires du pouvoir. Ces missionnaires sont tous totalement déconnectés des véritables aspirations et besoins des populations locales. Mais bien plus ils sont des surveillants et des policiers sentinelles autour des wilayas, ces gigantesques camps de concentration, des citoyens privés de leur émancipation économique, sociale, éducationnelle, culturelle, politique, etc. Il y a lieu de noter que la plupart des walis et des chefs de daïra font le tour du pays et ou sont promus en fonction du degré d'obéissance et d'allégeance au pouvoir en passant par des enrichissements douteux qu'ils engrangent pour eux et pour autrui. - L'APW et les APC L'APW et les APC sont des institutions élues, censées et supposées représenter l'émanation du peuple en défendant ses intérêts et où devait s'exercer sa souveraineté, n'ont aucun pouvoir de décision réel. Leurs prérogatives sont cadenassées par des codes administratifs draconiens habilement pensés dans les laboratoires "législatifs" de la présidence. Toutes initiatives d'importance locale sont obligatoirement soumises au préalable au chef de daïra et enfin au wali. La plupart sont rejetées et les élus se trouvent confrontés à la colère des citoyens. Naissent alors les premiers conflits entre l'administration et les administrés. Cette astuce législative d'une terrible brutalité a assuré au pouvoir une situation d'aisance et de tranquillité jusqu'au 22 février 2019. On notera cependant que même les APW et les APC détenues par des partis d'opposition ne font que dans une intendance toute relative à l'exemple de la gestion des affaires courantes très insignifiantes autour des maigres subventions diverses, des parcs roulants, des parcs à matériels, des personnels, ou encore la consommation énergétique (électricité et carburants), etc. Dans tout le pays les pouvoirs sont ainsi confisqués aux citoyens et concentrés au niveau présidentiel suivant la chaîne décrite. Propositions : Afin que le pouvoir n'exerce plus son influence, son contrôle inhumain, son haïssable hégémonie et son ascendance monstrueuse sur le peuple algérien je propose l'impératif suivant : les fonctions de wali et de chef de daïra doivent être supprimées et remplacées par les structures représentatives directes du peuple et qui sont : La fonction de wali sera remplacée par la fonction du président élu de l'APW Il y a lieu de créer la fédération nationale des présidents des APW. Cette nouvelle institution permettra l'interconnexion des APW entre elles pour les échanges d'expériences, d'initiatives et d'assistance mutuelle, voire de projets associés imposés par les impératifs géographiques. En outre la fédération nationale des présidents d'APW, assistée de juristes compétents, aura la mission de changer fondamentalement son code et celui des APC en éliminant tous les articles qui bloquent le bon fonctionnement de celles-ci et dans le seul intérêt des citoyens. Le cabinet de la wilaya sera présidé par le président élu de l'APW assisté de ses vice-présidents. Seront également membres du cabinet de la wilaya les directeurs de wilaya choisis parmi les compétences de la wilaya pour assurer la connexion avec les différents ministères pour seulement tenir informées les tutelles des décisions prises par secteur d'activité par la wilaya. Les dossiers d'investissement doivent être traités et soumis à validation directement par le président de l'APW. Le cabinet doit se réunir au moins une fois par semaine. Il sera créé une instance de contrôle et de suivi appelée comité de wilaya présidé par le président de l'APW. Y siégeront les membres élus de l'APW et les présidents d'APC. Le comité de wilaya se réunira une fois par mois. Toutefois des réunions extraordinaires peuvent avoir lieu au besoin. Cette instance aura également pour mission de superviser et d'organiser toutes les élections. Il appartiendra en conséquence à cette instance de rendre publics les résultats locaux qui seront transmis à la confédération nationale des APW qui les prononcera. C'est au niveau de cette instance que seront exprimés les budgets* nécessaires aux plans de développement de la wilaya. La fonction de chef de daïra sera supprimée et ses prérogatives administratives seront transférées directement à l'APC ce qui procurera un gain financier et surtout de temps dans le traitement et l'acheminement des dossiers. L'APW et l'APC doivent réhabiliter les réunions publiques de bilans avec les populations pour les tenir informées de leurs différentes activités. Ces réunions doivent engager de libres débats. L'APW et l'APC peuvent faire l'objet du seul contrôle de l'IGF (Inspection générale des finances). Ces contrôles ne peuvent faire l'objet ni servir de moyens de pression habituels pour des cas non avérés. Des dénonciations et autres recours peuvent être engagés pour tout abus constaté et portés devant une justice bien évidemment indépendante. Conclusion : Qui mieux qu'un natif d'une wilaya peut réellement connaître les besoins de ses concitoyens et maîtriser les paramètres liés à la configuration géographique, les conditions climatiques, les variables, les changements et les mutations dans le temps ? Tous les responsables élus ou non de la wilaya et à quelque niveau que ce soit seront mis devant leurs responsabilités face à leurs concitoyens. Ainsi cette nouvelle organisation de la wilaya au niveau national empêchera toute forme de falsification, de manipulation, d'influence et de tricherie dans la vie sociale et politique du pays. Notes : *Les questions relatives à la budgétisation de la wilaya réclament une étude autrement plus définie et argumentée. Elle est laissée aux soins des spécialistes en la matière. Il est évident que mes propositions sont soumises à critiques constructives et à débats.