Théoriquement, le boycott du seul groupe du RCD ne peut avoir aucune influence sur la tenue des sessions. Reportée pour aujourd'hui, faute de quorum après son boycott, le 25 août dernier, par la majorité des élus, la session ordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) de Tizi Ouzou pourra-t-elle enfin avoir lieu ? Hier encore, la question était sur toutes les lèvres mais le risque n'était toujours pas écarté. Selon des échos qui nous sont parvenus, les élus RCD au sein de cette APW ne comptent pas prendre part à cette session. Un fait qui n'est, à vrai dire, ni nouveau ni surprenant. Lors de la dernière session reportée, le groupe du RCD, dont l'élue Samira Messouci est toujours sous mandat de dépôt pour port du drapeau amazigh, a, dans une déclaration rendue publique à l'occasion, expliqué, entre autres raisons, qu'"il est politiquement et moralement inacceptable de se réunir comme si de rien n'était pendant qu'une élue au sein de cette même assemblée croupit en prison pour avoir brandi l'emblème de notre identité que nous revendiquons et assumons tous". À comprendre donc que les élus du RCD ne prendront part à aucune session de cette assemblée tant que leur élue n'est pas libérée. S'il est vrai que, théoriquement, le boycott du seul groupe du RCD, qui ne compte que 14 élus sur les 47 que compte cette assemblée, ne peut avoir aucune influence sur la tenue des sessions, concrètement les choses se présentent tout autrement. Lors de la session reportée du 25 août dernier, les élus du RCD ont réussi un véritable coup de théâtre, puisqu'en appelant à la tenue d'un rassemblement de soutien à Samira Messouci en lieu et place de la session ils ont bénéficié du soutien de plusieurs élus du FFS, du FLN et du RND et ont réussi, ainsi, à réduire les tenants de la tenue de la session au rang de minorité. Le RCD pourra-t-il rééditer son scénario aujourd'hui ? Pas si sûr ! Leurs alliés de circonstance au sein du FFS comptent, selon des échos reçus, adopter une autre démarche. "Nous réservons une surprise pour demain", s'est contenté de nous répondre, hier, un de ces élus du FFS. Quid des élus des partis du pouvoir qui servent de béquilles au FFS ? Concernant le RND, le coordinateur de wilaya a adressé, hier, un courrier aux élus du parti pour leur exiger de participer à cette session sous prétexte qu'"un deuxième report de la tenue de cette session pour motif de non-atteinte de quorum serait lourd de conséquences pour l'avenir de la wilaya". Sauf que le coordinateur du RND n'a plus, selon des indiscrétions, le contrôle sur tous les élus du parti, tout comme d'ailleurs le FLN. Pour convaincre ses camarades, le coordinateur du RND met en avant l'importance que revêt cette session comme s'il s'agissait de la seule à être capitale mais qui risque de ne pas avoir lieu, alors qu'il n'échappe à personne que l'APW n'a tenu aucune session ordinaire depuis février dernier, soit depuis déjà six mois. Période durant laquelle au moins deux sessions ordinaires ont été zappées. S'il est vrai que l'ordre du jour de la session actuelle, à savoir le vote du budget supplémentaire, constitue un point sensible, faire l'économie d'autres débats sur des questions tout aussi importantes que le bilan du wali qui devait être à l'ordre du jour des sessions annulées est synonyme d'une renonciation pure et simple de l'assemblée à son rôle de contrôle de l'exécutif. Mais au-delà de cette prérogative non exercée, c'est surtout le spectacle aussi désolant que hideux auquel se livrent en public le FFS et le RCD dans cette assemblée, pendant que leurs directions nationales s'allient dans un projet politique prometteur pour le destin national, qui suscite une certaine déception chez la population.