Le secrétaire général par intérim de l'Organisation nationale des moudjahidine, Mohand-Ouamar Benelhadj, ne désarme pas face au FLN. Il a saisi, hier, l'opportunité de la présentation de ses vœux aux Algériens, à l'occasion de l'entame de l'année hégirienne, pour s'attaquer à nouveau au vieux parti. Il a jugé utile pour le pays et le peuple d'introduire dans la Constitution une disposition qui édictera que "le FLN appartient à tous les Algériens afin d'empêcher l'utilisation de ce sigle par des personnes à des fins aussi suspectes, comme cela a été le cas par le passé". En clair, il estime que le Front de libération nationale est un patrimoine commun, vestige de la guerre pour l'indépendance de l'Algérie, et qu'il est temps de le soustraire à l'exploitation politique. Le 20 août dernier, Journée nationale du moudjahid, le numéro un de l'ONM a appelé à la dissolution du parti, qui utilise, selon lui, abusivement et illégitimement, un symbole fort de la guerre d'indépendance. "Nous nous sommes beaucoup exprimés sur le Front de libération nationale. Nous avons demandé, plusieurs fois, aux autorités de retirer ce symbole du parti, qui n'a plus lieu d'être", avait-il recommandé. Ses propos sont intervenus dans un contexte particulièrement défavorable au FLN. Depuis l'entame de l'insurrection populaire contre le régime le 22 février dernier, les manifestants, par millions, exigent du Front de dégager de la scène politique, au même titre que ses anciens partenaires dans l'alliance présidentielle (RND, TAJ et MPA). Le remplacement à la hussarde de Mouad Bouchareb par Mohamed Djemaï et d'Ahmed Ouyahia (en détention préventive à la prison d'El-Harrach) par Azzeddine Mihoubi et le profil bas des deux autres partis dont les présidents (Amara Benyounès et Amar Ghoul), également placés sous mandat de dépôt pour corruption, n'ont pas influé sur la cote d'impopularité du quatuor. Le FLN a, certes, riposté en soufflant, à son tour, la nécessité de dissoudre l'ONM et de débarrasser la communauté des anciens combattants des faux moudjahidine. La contre-attaque n'a, néanmoins, pas produit d'effet époustouflant, eu égard au fait que la demande du SG par intérim de l'ONM épouse une revendication forte de la rue et s'appuie sur l'énoncé d'un article de la loi organique n°12-04 du 12 janvier 2012 relatif aux partis politiques qui "interdit l'utilisation des anciennes appellations des partis". Dès lors, l'avenir du FLN s'annonce sombre. Longtemps compromis avec le régime, il lui sera difficile de jouer, désormais, les premiers rôles dans la décision politique quelle que soit l'issue de la révolution populaire. Les prémices de la déchéance sont déjà visibles. Le parti a perdu la présidence de l'Assemblée nationale populaire, alors que sa direction a pesé dans la destitution de Mouad Bouchareb sous le couvert d'une démission. Le panel de dialogue et de médiation, coordonné par Karim Younès, refuse de l'associer à la démarche pour ne point la discréditer davantage. Le SG du parti a annoncé qu'il prépare un grand show, le 20 septembre au CIC, par le truchement d'une rencontre nationale avec la jeunesse. Réussira-t-il son pari ?